entretien avec samael (français/english)

Les 13 et 14 octobre 2023, s’est tenu le New Blood Fest à Culoz. Avec une affiche particulièrement alléchante, Satan Bouche Un Coin et Les Editions des Flammes Noires ne pouvaient pas résister à s’y rendre. Ce fut l’occasion de rencontrer de nombreux artistes et même de pouvoir interviewer la tête d’affiche : SAMAEL !

Merci beaucoup Vorph de nous accueillir pour le New Blood Fest et d’accepter de répondre à ces quelques questions.
Est-ce que tu peux déjà te présenter rapidement ? Qui est Samael ? Comment est-ce que vous aviez grandi tout ça ?
OK alors Vorph, j’officie à la guitare et au chant. On a commencé avec mon frère, il y a plus de 30 ans. D’abord en duo et puis ensuite avec un bassiste à partir de l’enregistrement du premier album. Par la suite, on a eu quelques changements de line-up avec un synthé sur le 3e album. A partir de « Passage », notre 4e album, on a fait un switch en utilisant une boîte à rythme car mon frère, qui était batteur, s’est mis au clavier, et puis on a programmé toute la batterie. On a ainsi gardé cette formule et là, depuis 3-4 ans, on a un line-up qu’on espère définitif.

Samael, c’est vraiment la tête pensante de 2 frangins. Le fait de travailler en famille est-il un atout pour vous ? Est-ce qu’il y a parfois des crispations ?
On a trouvé assez rapidement un moyen de travailler ensemble. Mon frère s’occupe de toute la partie musique et moi des textes et du concept. On échange beaucoup. Pendant la pandémie, on a répété au moins une fois par mois ensemble, sachant qu’il n’y aurait rien dans l’immédiat mais plutôt pour conserver un rythme de travail. Nous avons écouté les nouveaux titres ensemble, c’est le fruit d’une discussion que nous avons eu conjointement sur chacun des morceaux.

Peut-on dire qu’il y a un côté plus « électro » qui revient sur ces dernières années ?
C’était présent, latent un peu, mais ouais, c’est toujours une appréciation difficile à juger.

De mon ressenti, je trouve que vous avez vraiment grandi en suivant un peu l’évolution de Moonspell et Rotting Christ, qui sont des groupes que vous croisez assez facilement. Est-ce que c’est quelque chose qui était concerté ou pas du tout?
Non, on ne se concerte pas avec d’autres groupes pour savoir ce que nous allons faire. On a déjà assez de mal, nous-même, à prendre des décisions, donc non, ce n’est pas concerté du tout. C’est aussi une appréciation peut-être d’autres personne vont voir ça différemment et y déceler un lien. Je sais qu’on a, à un moment donné, été produits sur le même label. On a tourné ensemble d’ailleurs, les 3 groupes à l’époque. Donc oui, il y a certainement des liens mais je ne peux pas dire que c’était conscient.

J’ai aussi l’impression que les gens ne retiennent que vos premiers albums, notamment « Worship Him » qui est cité assez souvent lorsqu’on évoque Samael, alors qu’on parle beaucoup moins de « Solar Soul », « Antigod » et « Lux Mundi ». Fallait peut être commencer avec des albums un petit peu moins bons non ?
Alors, (rires) tout est relatif mais si tu veux, c’est marrant que tu me parles de « Worship HIm » dans ces mots-là car je n’ai pas l’impression que c’est l’album qu’on auquel les gens pensent en premier. C’est plutôt en fait « Ceremony of Opposites » (Baphomets Throne en écoute ici) et « Passage ». Je crois que ce sont un peu nos 2 albums de référence. Mais effectivement les derniers albums, après c’est tout est relatif aussi, je pense notre plus grand succès en France était « The Reign of Light », donc tu vois vachement plus tard, et puis c’est un album duquel on jouera ce soir, un seul titre – le titre de l’album. En fait, ça dépend des endroits, des moments et des gens. On s’adapte. Je pense qu’on a aussi un public qui n’est pas déchiré mais on a une première partie, c’est peut-être les gens qui nous aiment pour les 3 premiers albums qui étaient peut-être plus authentiquement noirs sans avoir essayé d’aller ailleurs. Et puis on a essayé de boucler la boucle à un moment donné avec « Lux Mundi ». Je ne sais pas si c’est ressenti de l’extérieur, mais c’était notre but à un moment donné d’essayer de faire des liens avec ce qu’on avait fait avant, puis de présenter quelque chose d’un peu solide.

A propos de proposer des choses un petit peu différentes aussi, on voit de plus en plus, ces dernières années, des groupes travailler avec des orchestres symphoniques pour créer soit des albums, soit réinterpréter certains concepts et certains concerts. Est-ce que c’est quelque chose que vous envisagez ?
Alors moi, ça ne m’a jamais vraiment intéressé. Mais en fait, si c’est sûr que ce n’est pas un but en soi mais oui, mon frère, Xytraguptor, en a toujours parlé dès le début d’ailleurs. Il écrit quand même des choses qui sont un peu symphoniques par rapport à ses synthés. Donc oui ça serait complètement possible de le faire. Après je ne sais pas si ça se fera un jour mais on reste ouvert à l’idée mais pas pour l’instant.

Depuis presque 10 ans, même un peu plus maintenant, la musique prend un virage vraiment très serré sur le numérique et la dématérialisation. Est-ce que c’est quelque chose qui vous inquiète ou bien ça ouvre de nouvelles portes ?
On fait avec, tu vois ! On ne décide pas nous-même, on est un peu confronté au music-business. Les choses ont beaucoup évolué depuis que l’on fait de la musique. Voilà, on s’adapte quoi.

D’accord. Donc il n’y a pas du tout du fatalisme derrière tout ça.
Non, les choses sont comme elles sont donc plutôt que d’y voir des obstacles, je préfère essayer de voir des opportunités, de se dire qu’il y a des choses positives qui reviennent dans le circuit. Tu vois, j’ai l’impression qu’aujourd’hui on est de nouveau dans une période, où même dans le rock et dans le metal, on revient à l’ère du single de nouveau, alors que c’était ce qui fonctionnait il y a 40, 30 ans en arrière, du moins à l’époque de nos parents. Après cette période, c’était la mode des albums, maintenant je crois que les gens consomment des titres à l’unité plutôt que des albums. Je suis un peu old school, je préfère l’époque des albums. On envisage encore la musique comme un album, comme un tout, comme une expérience.

Du coup si tu as envie de proposer un concept album qui a une trame, on va dire d’une piste à l’autre sur un ensemble, c’est peut-être plus compliqué aussi de le vendre ou du moins de communiquer auprès du public ?
Effectivement mais alors il y a un public pour ça aussi. Nous concernant ce n’est pas le même public en fait. Je pense qu’on n’a jamais eu cette approche là, mais par contre c’est vrai qu’on essaye lorsque notre album est terminé, qu’on a les titres, et qu’on sait lesquels on va enregistrer, on essaie de voir comment on peut les agencer pour lui donner un flow. Le but est de créer une expérience quoi. C’est vrai que ça on y pense, mais on y pense pas avant en se disant que l’on a un concept, qu’il faut avoir le package d’abord et puis le contenu après.

Hegemony est sorti il y a presque 6 ans maintenant et à quand le nouvel album alors ?
Alors je ne sais pas quand ça sortira, mais on y est ! On a déjà commencé d’enregistrer certaines choses. On va finir d’enregistrer et mixer l’année prochaine donc je ne sais pas si ça sera déjà possible de le sortir dans l’année. Il y aura peut-être un single déjà, mais au plus tard 2025.

Vous avez fait une tournée spéciale pour les 25 ans de l’album Passage, que vous avez joué en intégralité. Il y a Eternal, qui est un des albums cultes et qui soufflera ses 25 bougies prochainement. Pensez-vous vous lancer dans une tournée pour cet évènement ?
On n’a pas discuté de ce projet. Je ne suis pas sûr que ce que ça pourrait donner un bon résultat. Eternal est un album plus éclaté, moins homogène que Passage ou Ceremony. Au départ, quand je voyais d’autres groupes le faire, je ne trouvais pas ça super mais on s’est laissé prendre au jeu et on a décidé de jouer ces albums en entier. J’ai trouvé l’expérience assez concluante. En plus, on a un line-up différent et de reprendre des morceaux qu’on n’a pas joué depuis plus de 10 ans, qu’on avait un peu oublié dans nos live, c’était vraiment intéressant. On a un nouveau regard et on peut se dire que certains titres pourraient être réintégrés dans un set et d’autres qui ne peuvent figurer que sur l’album et non être joués en live.

Est-ce l’occasion de réinterpréter ou de moderniser ces morceaux ?
Oui, un petit peu. On essaye toutefois de rester fidèle à la trame de base. Je n’aime pas entendre des morceaux trop transformés lorsque d’autres groupes le font.

En écoute : Salvocracy https://youtu.be/aMzWysnhr5c?si=zHg-BoWl_gaBSuKV

English

The New Blood Fest took place in Culoz on October 2023, 13 and 14. Their billing was particularly thrilling and Satan Bouche un Coin and Editions des Flammes Noires could not resist attending the fest. It was the perfect opportunity to meet many bands and artists and interview metal legends SAMAEL!

Vorph, thanks a lot for your time. Can you introduce yourself in a couple of words? What is Samael?
Right, I am Vorph, I play the guitar and I do the singing. We started out with my brother, over 30 years ago. We started the two of us and a bassist joined us after recording our first album. After that, the line-up changed a bit and we added a keyboard for our 3rd album. From Passage, the following album, we preferred to use electronic drums as my brother, who was the drummer, took the keyboard duties and we programmed all the drums. We have kept this formula since then and for the last 3-4 years, we have a line-up we hope to keep for many years.

Samael is run by two brothers. Is working with your brother an asset? Do you have fights at times?
We have rapidly found a way to work together. My brother works on the music while I focus on the lyrics and concept. We talk a lot. During the Covid crisis, we rehearsed once a month together, knowing nothing would come out soon after that, we wanted to keep a working routine. We listened to the new tracks together, they are the results of a discussion we had together on each one of them.

Can we say that there are more “electro” elements these last years?
It was there, latent, but yeah, it is always hard to judge.

I have the impression that you have grown following a common evolution alongside Moonspell and Rotting Christ, bands you have met a lot. Was this something you agreed upon or not at all?
No, we do not have arrangements with other bands regarding our plans. We struggle enough as it is, on our own, to make decisions. So no, nothing is agreed upon. I think it also depends on the person, some will see that differently, others will find a link. I know that we were produced by the same label. We have toured together too, all three of us. So yeah, there must be some similarities but I would not say these are conscious choices.

I am under the impression that people tend to remember solely your first albums, like Worship Him which often comes to mind when we think of Samael. We talk a lot less about Solar Soul, Antigod and Lux Mundi. Maybe you should have started with slightly less good albums!
[Laughs] Everything is relative, yet it is funny you mention Worship Him in these terms as I don’t think it is the first album that comes to mind for most. It is more Ceremony of Opposites and Passage. I think they are key albums. But you are right regarding our last albums, I think our biggest success in France was The Reign of Light, which comes much later and we’ll play one track from that album tonight, the title-song. It really depends on the place, the people and time. We adapt ourselves. I think that our audience is not divided yet we have a first half, the people who prefer the first three albums, that were more authentically dark, not trying to push further. Then we tried to make a full circle with Lux Mundi. I don’t know if people see it the same way, but it was our objective, to create links with what was once done, then trying to offer something more stable.

Talking about creating something different, these last years, there are more and more bands working with orchestras to create albums or interpret some songs and accompany them during a concert. Is this something you want to do?
It is not something that interests me. However, if it is not to follow a trend, my brother, Xytraguptor, talked about it right at the beginning. He writes some symphonic stuff with his keyboard. So yeah, it is a possibility. I don’t know whether we’ll do it one day or not, but the door is open.

For the last ten years or so, music is acutely becoming more and more digital. Is this something to worry about or does it open new possibilities?
We have no choice you know! We do not make the decision on our own, we are part of the music business. Things have changed so much since we started, we have to adapt ourselves. Simple as that.

Right. So there is no fatalism behind it.
No. Things are what they are, and rather than seeing obstacles, I prefer to see opportunities, that there are positive things being reintroduced. You know, I am under the impression that today, we are again in a time when, even in rock and metal music, we produce singles, although it was popular some 40 or 30 years ago, when our parents were young. After that, the trend was to produce full lengths. Now people prefer consuming tracks on their own rather than complete albums. I am a bit old-school, I prefer when we had albums. We still conceptualize music through albums, as a whole, an experience.

So, if you want to produce a concept album which follows a red line from one track to the other, it is more difficult to sell it or at least to communicate about it to the public?
Indeed, yet there is an audience for that too. As far as we are concerned, it is not the same public. I don’t think we ever had this approach, even though we try, when an album is over, when we have the tracks and know which ones we will record, to see how we are going to arrange them to create a flow. The idea is to create an experience. It’s true, we think about it, but it is not beforehand, trying to think about a concept, that we must first have the package and after the content.

Hegemony was released nearly 6 years ago, when will we have a new album?
I do not know when it will be out, but we are working on it! We have started recording some stuff. We will finish to record and mix next year, so I do not know if it is possible to release it within the year. Maybe we’ll first have a single, but at the latest, it will be in 2025.

For the 25th anniversary of Passage, there was a special tour during which you played the whole album. Next comes Eternal, another cult album. Will you do the same for the occasion?
We have not talked about this. I am not sure it would be a good idea. Eternal is a diverse album, less homogeneous than Passage or Ceremony. First, when I saw other bands do that, I thought it was not a great idea, yet I was convinced, and we play these albums live. I like the experience. What’s more, we have a different line-up and rehearsing tracks we haven’t touched in ten years, that we had forgotten a bit during concerts, it was pleasurable. We have a new look on things and we think that some songs could suit a new set while others are best on album, not live.

Is this the opportunity to interpret or modernize these songs?
Yes, somehow. We do our best to respect the material though. I do not like to listen to songs that have been transformed a lot as some other bands do.

Hegemony : https://youtu.be/QQQA-vmZHV4?si=t_nu2aY69zQXzZmS

Retrouvez toute l’info de Samael ici : Site officiel de S A M A E L

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