SOLITUDE POST-MORTEM de TERREUR NOCTURNE (BLACK METAL)

Chronique écrite par François KARLËK

Deuxième offrande pour le groupe Terreur Nocturne avec ce Solitude Post-Mortem qui sort le vendredi 13 octobre (coïncidence ? je ne pense pas…). Un album très riche et labyrinthique qui me suggérait une chronique track-by-track bien classique … à laquelle j’ai fini par renoncer, sans doute pour le malin plaisir de vous perdre encore plus.

Commençons par évoquer le line-up, constitué si je me suis bien renseigné de Onéiros au chant, Macchabée aux guitares (qui a aussi assuré tout l’artwork), Règne à la basse et l’Aveugle à la batterie ainsi qu’au mixage et mastering. Je ne connais pas le parcours exact de chacun mais je sais que Macchabée et l’Aveugle ont officié chez Muertissima (dans un registre Death Metal bien costaud) et que Règne pilote un projet solo éponyme de Dungeon Synth. Ce n’est pas anodin car même si on est bien dans un style Black Metal, on sent qu’il est largement nourri du savoir-faire et l’ouverture musicale de chacun de ses membres.

Mélodique est le premier terme qui me vient pour décrire cet album, cela saute aux oreilles car le jeu de guitares, doublées sur tout l’album, est clairement réparti entre rythmiques imparables et nombreuses envolées, que ce soit des solos, des thèmes entêtants en refrain ou encore de nombreux passages acoustiques en intro/outro ou en respiration au sein des morceaux (« Hommage Post Mortem »). Macchabée a clairement poussé son goût et son sens de la mélodie bien plus loin que sur le premier opus et se fait plaisir autant qu’il ravit l’auditeur par l’omniprésence de ses trouvailles alternant mélopées apaisantes, furieuses fulgurances et riffs capiteux. Le morceau « Fardeau de mes peines » s’avère un bon exemple, particulièrement riche et accrocheur avec une floppée de riffs épiques que ne renierait pas la scène suédoise des années 1990, au même titre que le subtil mélange de guitares acoustique et saturées sur la fin du « Bal des Condamnés » ou de « Tribulation » me rappelant Opeth ou Dissection dans cette approche hybride.

Ne vous y trompez pas cependant, les mélodies omniprésentes sont loin d’édulcorer l’essence de cet album qui se veut intrinsèquement sombre et torturé.

Les thématiques autour des angoisses et cauchemars se ressentent en grande partie par les paroles et surtout un chant très oppressant, sourd, quasiment Death Metal dans son feeling (comprenez par-là nettement plus proche de David Vincent que de Dani Filth) porté avec brio et sensibilité par Onéiros, fondateur de Terreur Nocturne et souffrant personnellement de ce syndrome qu’il exorcise à travers le processus créatif du groupe.

On notera aussi deux participations remarquables au chant qui apportent une grande valeur ajoutée par le relief qu’elles donnent à deux compos et qui équilibrent l’album avec une touche de variété en pistes 3 et 8 :

« Terreur Nocturne I » qui voit intervenir Simon (de Wÿntër Ärvń, Aorlhac, Belore, et surtout au poste de chanteur chez Hardiesse) qui ajoute une touche diabolique à la partie centrale du morceau et lui insuffle des relents méphitiques d’une odieuse noirceur.

« Tribulation », morceau très atmosphérique et désespéré, dont l’ambiance se voit étoffer par les interventions déchirantes d’Erroiak (cf son interview référençant sa multitude de projets L’Apocalypse selon ERROIAK – Satan bouche un coin) proposant un parfait contrepoint au chant profond et guttural d’Oneiros et soufflant aussi bien le chaud (enfin tout est relatif) que l’excessivement froid sur ce morceau qui m’apparaît comme le plus torturé et brillant de l’album.

En termes d’ambiances malsaines, le jeu de basse est particulièrement prégnant et on comprend vite que Règne n’est pas là pour reléguer ses parties au rôle de faire-valoir. De nombreux passages sont marquants et participent à donner corps des compos : « Παρθένος Θάνατος » et ses riffs syncopés, le martèlement de notes en base d’accords déroutants à la Voivoid sur « Tribulation », les rythmiques galopantes de « Précipices » … toutes ces déflagrations de graves donnent énormément de consistance et de profondeur aux morceaux.

J’évoquais un labyrinthe en introduction et il convient d’étayer le propos, car si l’album propose des passages sombres et d’autre plus doux et mélodiques c’est bien dans la combinaison des mélodies, des rythmes, leur superposition et leur alternance au sein d’un unique morceau que la magie finit par opérer et donner une autre dimension à ce que nous propose Terreur Nocturne. L’album regorge de variations subtiles et moments de bravoure portés par une batterie qui n’est pas là pour la démonstration mais en permanence au service du groupe, alternant un réel sens du groove (« Précipices ») et de sévères accélérations (« Fardeau de mes Peines »), avec une constance dans la pertinence de son jeu au regard des intentions recherchées.

N’en déplaise aux profs de physique-chimie, la rencontre du feu et la glace opérée sur cet album ne donne pas une soupe tiédasse mais bien une alchimie de sentiments contradictoires et profonds, véritable ascenseur émotionnel aboutissant sur de vrais moments de grâce lorsque la musique prend toute son ampleur et semble se résoudre pour atteindre son apogée : le solo élégant de « Tribulation », la mélancolique dernière minute de « Malédiction Fantasmagorique », la relance après le passage acoustique de la fin de « Hommage Post-Mortem » ou « Fardeau de mes Peines », les breaks avec arpèges du « Bal des Condamnés », tout le passage central très émouvant avec des chœurs de « L’Echo Muet de mes Plaintes », autant de passages bouleversants qui justifient pleinement l’écoute et la découverte de cet album que je ne peux que conseiller à tout amateur de Black Metal mélodique, cathartique et sophistiqué.

Pistes préférées : Tribulation, Le Bal des Condamnés, Terreur Nocturne I

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Et découvrir Le Bal des Condamnés: https://youtu.be/VPq55LryVHo?si=Lg72ftmz2gmXHWdE

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