ASTRAL RAPE de ASET (Black Metal) FRANCAIS/ENGLISH

Chronique écrite par François KÄRLEK

English below

Voilà donc le premier album d’un groupe bien mystérieux, ASET, qui publie « Astral Rape » chez les Acteurs De l’Ombre, et dont on a entendu qu’y figuraient des membres de SETH et ORANSSI PAZUZU (sans savoir qui ni à quels instruments). De très belles références en Black Metal Français et Finlandais certes, mais qui ne m’empêcherons pas dès la première écoute de me sentir emporté tout droit vers la Norvège.

En effet, je vais être direct, de très nombreux passages m’évoquent « Rebel Extravaganza » de Satyricon et « Grand Déclaration of War » de Mayhem, l’un injustement déprécié (au profit de Nemesis Divina ou Volcano) et l’autre considéré comme culte par beaucoup (avec le Mini qui le précède Wolf’s Lair Abyss).

On retrouve de ces deux groupes, que je suppose avoir influencé ASET, ces riffs d’outre-tombe travaillés à 2 guitares aux mélodies à la fois très dissonantes et pertinentes, avec des tierces, quintes ou autres joyeusetés dont la composition plus ou moins académique traduit tout ce que j’apprécie dans le Black Metal : subversion, malaise, emphase et puissance. Abusive Metempsychosis me semble le morceau le plus représentatif pour s’en faire une idée tant le spectre des riffs présenté est large et maîtrisé.

On pourrait croire un manque d’identité au regard des références que j’ai évoquées mais c’est sans compter sur la capacité d’ASET à placer chaque compo sous l’égide d’une ambiance occulte portée de nombreux riffs qui n’en demeurent pas moins personnels, barrés et uniques, dont la nature quasi psychédélique sera sans doute perçue par l’auditeur qui se laissera influencer par la communication sur un lien avec Oranssi Pazuzu.

L’autre aspect marquant et qui donne une identité immédiate aux brûlots qui composent cette galette est ce chant habité, possédé et très incantatoire, proche dans l’esprit de ce que peut proposer Attila Csihar, mais sans tomber dans le plagiat car au timbre très différent et enrichi de multiples couches de chants sur de nombreux passages évoquant messes noires et autres Sabbats déviants.

La batterie n’est pas en reste m’évoquant le jeu de Sistre (des Chants de Nihil) ou Frost (Satyricon, 1349) par son jeu très chargé en double pédale et extrêmement bien construit sur les enchaînements et fills. Serpent Concordat, qui évite l’écueil courant de finir un album avec paresse, est le parfait exemple de ce jeuà la fois dense et subtil. Si vous écoutez les 2 premières minutes de ce morceau en vous focalisant sur la batterie vous aurez un parfait exemple d’une construction progressive avec des motifs de plus en plus remplis sur les 2 premières minutes aboutissant sur un défonçage ultime, présentant entre 2 et 3 minutes un cas d’école des variantes possibles autour d’un blast-beat des plus salvateurs.

Sans aller aussi loin qu’un Moonreich (avec l’excellent Amer sorti cette année) dans ses expérimentations, le groupe vous réserve aussi un bon nombre de surprises avec cassures de rythmes et changements d’ambiance menés par une basse impeccable de précision et feeling. On peut citer le morceau Force Majeure midtempo dans l’esprit mais furieux dans son exécution ou le début carrément chaotique de Lord of Illusions.

En invoquant des sonorités proches de groupes cultes scandinaves qu’il a parfaitement assimilés, ASET en impose par sa capacité à proposer des compositions très personnelles, riches en modulations, mues par un sentiment d’urgence et transcendées par d’occultes intentions dont l’artwork transpire par tous les pores.

Tel un grand huit qui durerait 40min on ressort de cet album lessivé, avec le grand sourire malsain et un peu vide de celui qui a côtoyé le malin de trop près pour en revenir indemne mais a suffisamment aimé ça pour s’y remettre à la moindre occasion.

Du Black Metal de très haute volée, tout simplement.

Pour commander/ shop : https://lesacteursdelombre.net/

Pour écouter/ listen : https://youtu.be/vPfQV645msk?si=m-DtzwG3hegTa-29

So here is the first album from a very mysterious group, ASET, which publishes « Astral Rape » with “Les Acteurs De l’Ombre”, and includes members of Seth and Oranssi Pazuzu (without knowing who plays which instrument). Very nice references in French and Finnish Black Metal certainly, but which will not prevent me from thinking about Norwegian Black Metal.

Indeed, I am going to be direct, many passages remind me of « Rebel Extravaganza » by Satyricon and « Grand Declaration of War » by Mayhem, one unjustly depreciated (in favor of Nemesis Divina or Volcano) and the other considered as cult by many (with the EP Wolf’s Lair Abyss). 

We find from these two groups these gloomy riffs from beyond the grave worked with two guitars with dissonant and relevant melodies and harmonies whose composition translates everything that I appreciate in Black Metal: subversion, unease, emphasis and power. “Abusive Metempsychosis” is the most representative song to get an idea of the very large spectrum of riffs presented. 

One might believe a lack of identity with regard to the references but that is without considering ASET’s ability to place each composition under an occult atmosphere which remains no less personal, unique, and sounds almost psychedelic for the listener influenced by the link with Oranssi Pazuzu. 

The other aspect that gives an immediate identity to these songs are those inhabited, possessed and incantatory vocals, close to what Attila Csihar can offer, but enriched with multiple layers of voices leading to powerful choirs on passages evoking black masses and other deviant Sabbats. 

The drums are not to be outdone, close to “Les Chants de Nihil” or “1349” by the playing loaded with double bass drums and extremely well built on the sequences and fills. “Serpent Concordat” is the perfect example of these patterns which are both dense and subtle. Over the first 2 minutes you will enjoy a progressive construction with more and more filled patterns leading to an ultimate ripping of 2 to 3 minutes, with as many possible variations around a killer blast-beat. 

Without going as far in its experiments as the band Moonreich for example, ASET has nevertheless many surprises and highlights for you with breaks in rhythm and changes in atmosphere led by a bass guitar full of precision and feeling. We can name the piece “Force Majeure”, midtempo but furious in its execution, or the chaotic beginning of “Lord of Illusions”. 

By invoking the best Scandinavian groups that its musicians have perfectly assimilated, this band imposes itself with this ability to offer very personal compositions, rich in modulations, driven by a feeling of urgency and transcended by occult intentions perfectly illustrated in the different artworks. 

Like a roller coaster that would last 40 minutes, we come away from this album exhausted, with the big unhealthy and empty smile of someone who rubbed shoulders with the evil one too closely to come back unscathed but loved the experience enough to get back into it at the slightest opportunity. 

Very high-quality Black Metal, one of 2023’s best releases for sure!

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