Mental Cruelty : Zwielicht (sortie le 23 juin 2023 via Century Media Records) – Deathcore Symphonique

Chronique écrite par Myriam CHAZALON

Le groupe allemand de deathcore symphonique va, en 2024, fêter ses 10 ans d’existence. Zwielicht -ou Crépuscule dans notre belle langue de Molière (Oui on peut parler de Molière dans une chronique Metal, car on a beau être les suppôts de Satan Bouche un Coin, on n’en est pas moins cultivés, hein ?!!)- est le quatrième album, et de loin le plus abouti, sombre et brutal de tous.

Cet album est construit sous forme de rite initiatique, surfant sur la révélation du côté obscur de l’âme humaine : le morceau introductif « Midvinter » couplé au brutal et incroyable « Obsessis a Daemonio » évoque les nuits les plus sombres de l’hiver avec un début comme je les aime, du quasi-grégorien annonciateur de brutal deathcore. Le nouveau chanteur Lukas Nicolai est un sun eater démoniaque, maniant chant et hurlements avec brio, nous distillant, telle une aumône, quelques brefs breaks respiratoires salvateurs pour notre santé mentale.

Le morceau suivant « Forgotten Kings » est plus en nuances, plus black metal que deathcore avec des accords mélodiques affirmés sous la voix. Après nous avoir amené au bord de la suffocation avec l’intro, les Mental Cruelty nous permettent de nous reposer un peu l’esprit et de soigner nos blessures mentales précédemment infligées …. Mais c’est pour mieux te défoncer à nouveau le cervelet mon enfant, non ? Certes oui mon Bon Saigneur, « PEST » est un morceau bestial faisant encore une fois un appel du pied affirmé à la voix de Lukas N. et aux riffs puissamment débridés et monstrueusement rapides. A ce stade -là, on se demande comment on va bien pouvoir survivre au reste de la quête, et on attend avec une appréhension certaine et fébrile (ça me fait le même effet que lorsque, devant un film bien gore ou effrayant, on écarte les doigts devant les yeux, pour ne pas voir trop, mais un peu quand même).

Pourtant non, ils arrivent vraiment où on ne les attend pas avec le morceau suivant : « Nordlys » aux accents de musiques traditionnelles du grand froid, comme un drakkar qui se préparerait à l’attaque. L’intensité va, pour le moment décroissante, avec toujours une qualité indéniable, riffs furieux, breaks incroyablement bien placés…. Notre cerveau fait véritablement des montagnes russes et ça, les amis, c’est furieusement bien pensé et effroyablement efficace.

Le morceau suivant « Mortal shells » est celui qui m’a le moins convaincu, non pas parce qu’il n’est pas intéressant musicalement, son côté Iron Maiden sous speed apporte une petite note fraîche et originale, mais est moins cohérent avec l’ensemble.

Et puis il y a « Zwielicht », le morceau qui a donné son titre à l’album. Un morceau étonnamment court, interprété en voix claire. On aime ou on n’aime pas. Pourtant, c’est un tournant dans le rite, celui où l’on passe un cap, le morceau transitoire, comme si on avait compris et accepté nos démons intérieurs. Ils sont là, on ne les combat plus, mais on se bat à leurs côtés. Ils font partie intégrante de nous et on doit les accepter. C’est très clair sur les trois derniers morceaux de l’album « Symphony of a Dying Star », « The Arrogance of Agony » et la sublime masterpiece de 7 min 32 « A Tale of Salt and Light » qui offrent tous les trois des accents d’une colère plus sombre et maîtrisée qui permet aux musiciens et au chanteur de dérouler toute leur palette du genre avec efficience et talent.

Zwielicht est un album qui prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure des écoutes, il s’apprivoise à l’image de la quête initiatique proposée par le groupe. La première écoute est déroutante, Mental Cruelty portant bien son nom tant ils jouent avec nos nerfs psychiques. Puis on comprend où ils nous embarquent, même si on a encore quelques résistances, puis on embarque avec eux et à la fin, on court même pour être dans les premiers à s’engager à leur côté, et hurler au crépuscule, encore et encore pour que la nuit demeure.

Midvinter/ Obsessis a Daemonio 

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