LIFELINE, nouvel album de UNCOMFORTABLE KNOWLEDGE (Post Hardcore)

Chronique écrite par François KÄRLEK

Internet et les nouvelles communications ont complètement renversé la démarche de la découverte musicale. Ceux qui ont connu l’ère pré-internet se rappelleront les heures à se prêter des CD ou des cassettes, à lire des magazines pour investir sur l’album qui vaudra le coup. A l’heure actuelle, tout est accessible en 2 clics et le travail de découverte se limite désormais à ouvrir ses oreilles.

Je ne regrette pas du tout d’avoir rendu mes esgourdes disponibles (pas un gros effort donc) pour découvrir Uncomfortable Knowledge en cliquant sur leurs clips au détour d’une publication FB puis par l’écoute attentive de leur 2ème album à venir : LIFELINE.

Bien loin des productions aseptisées et génériques qui inondent la toile, Uncomfortable Knowledge (UK) a tous les éléments pour capter l’attention. Fondé sur un Metal puissant et lourd, grosses guitares, basse ronronnante, batterie qui frappe fort au bon endroit, UK combine un sens du riff qui fait mouche avec des ambiances très personnelles, imprégnées d’émotions, sous forme de grand huit entre passages épiques, ponts éthérés et assauts rythmiques.

Fait remarquable, les arrangements sont enrichis par de superbes passages d’instruments à corde et cuivres (trompette, trombone), qui ne viennent pas juste doubler les riffs mais ajouter leur teinte mélancolique et/ou chaleureuse. Des morceaux comme Echoes et 149.6 (en écoute sur ce lien : https://youtu.be/nVVU3pEQf6w?si=NZNYDdOxe1UmBYyP ) prennent une dimension énorme par ces ajouts, remplissant à la fois tout le spectre sonore et mental de l’auditeur à vous en filer la chair de poule.

Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin : véritable trait d’union entre les ambiances et fil conducteur, le chant assure aussi bien les passages les plus vindicatifs que les nombreux moments de grâce lorsqu’il s’avère mélodique et bien souvent renforcé par des chœurs (The Astral Mark, Echoes).

Habité et à fleur de peau, je n’ai pas été surpris de voir que Guillaume s’appuie sur des textes gravitant autour de l’humain et ses pensées. Le « savoir inconfortable » (Uncomfortable Knowledge), prise de conscience de nos propres faiblesses et de l’état du monde qui nous entoure, nous permet de tracer bon an mal an notre « chemin de vie » (lifeline). Loin de s’apitoyer sur notre sort, UK nous incite à apprendre de nos erreurs, à surmonter nos peines et à avancer, en faisant de nos vies bien trop courtes le meilleur brouillon possible.

Curieux de confirmer mes impressions, voilà mon échange avec Adrien, guitariste/fondateur et Guillaume, chanteur/auteur :

Bonjour Adrien, Uncomfortable Knowledge m’a fait penser à beaucoup de styles et de groupes, allant du Sludge au Doom en passant par le Punk et le Hardcore mais avec une vraie continuité et cohérence sur ce LIFELINE, votre deuxième album. Comment définirais-tu votre style à quelqu’un qui ne vous aurait jamais écouté pour lui donner envie de vous découvrir ?
Adrien : Bonjour et merci de nous donner l’occasion de développer ce qui constitue ce disque. Je dirai que c’est du post hardcore avec le lyrisme du post métal. L’objectif est sensible et émotionnel. Des phases épiques, d’autres très épurées et des assauts d’énergie qui tranchent. Tout est au service du propos et des mélodies de Guillaume, notre chanteur, qui met ses tripes à nu à chaque chanson.

Quelles sont selon vous les évolutions notables entre votre premier album « Black Queen » et celui-ci en termes de composition et d’ambiances ?
Adrien : L’accent a été mis sur la musicalité, sur « l’histoire » que racontent les morceaux : le placement de la voix a beaucoup évolué, elle est très mélodique et apaisée, nous avons beaucoup travaillé l’écriture des backing vocals.

Le chant est donc très central et nous emporte dans chaque chanson. Les arrangements de cordes et de cuivres sont aussi un apport majeur de ce disque. Ils servent la dimension épique et émotionnelle. Leur écriture a été un réel défi et ils sont interprétés magnifiquement par Norbert. Il a apporté cette dimension baroque qui caractérise fortement le groupe. La partie plus « métal » est, pour le coup, plus puissante et lourde. C’est le moteur, la charpente sur lequel repose l’édifice !

Vous êtes deux frères au sein du groupe, Guillaume à la basse et toi à la guitare. La musique est-elle une longue affaire de famille chez les Tirel ?
Adrien : Oui effectivement mon frère est un grand bassiste, il a des placements incroyables qui me prennent par surprise à chaque fois. On se comprend très vite et nos idées se complètent à merveille. La musique est un lien très fort entre nous, ce n’est pas le premier groupe que nous montons ensemble. On est vraiment très proches.

Quel est le parcours des autres membres du groupes et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Adrien : Alors mon frère c’est facile à résumer, il joue de la basse depuis très longtemps et on s’est toujours suivis et soutenus dans nos divers projets, c’était évident qu’il jouerait la basse dans UK quand j’ai monté le projet.

Guillaume Sabatier, le chanteur, est un ami de longue date, je l’ai rencontré il y a un peu plus de 15 ans avec son groupe RIGHT TO THE VOID dont j’étais fan, on a toujours collaboré depuis de diverses manières et c’est très naturellement que je lui ai proposé d’intégrer UK à la voix.

Sébastien Hinderschiett, guitariste soliste, a un jeu incroyable et je le vois évoluer dans la scène gardoise depuis très longtemps, il magnifie mes idées de lead et de thème et les complète par des solos dont il a le secret, très musicaux, sans fioriture, très « chantables ».

Robin Olivier est rentré à la batterie juste avant la sortie de BLACK QUEEN, notre premier album, et s’est intégré à l’équipe comme si on se connaissait depuis 20ans. Il est incroyable de finesse et de puissance, c’est un gros travailleur et il est d’une humilité sans faille. Il m’a été présenté par un ami batteur. Une superbe rencontre !

Dans le groupe il y a aussi des gens dans l’ombre mais sans qui on ne serait pas à ce niveau d’exigence : Teddy Marin notre sondier qui nous appuie à chaque étape et qui est là depuis le début du projet avec une constance et une motivation sans faille. On lui doit la solidité de notre son en live, il nous a aussi fait les prises drums de l’album entre autres. C’est un ami très précieux et un musicien très complet !

Plus récemment nous avons commencé à collaborer avec Prescillia Vieira-Coëlha pour les photos et la réalisation de toutes nos vidéos. Elle a un talent incroyable et un regard très sensible sur le groupe et sa création, c’est aussi une amie de longue date avec qui nous travaillons sur la réalisation de vidéos depuis fort longtemps.

On commence aussi à travailler la partie light de nos shows avec Ferdinand Boulic dans l’esprit d’apporter une ambiance à l’histoire qu’on raconte.

Et enfin notre Prez, Damien Garçia, le président de notre structure de production qui est toujours là à toutes les étapes importantes du groupe, en soutien et en ami. On a la chance d’être une équipe unie par l’affection et la détermination. On se marre beaucoup !

Je trouve que votre musique est très émouvante par les mélodies, le chant, les rythmes en mid-tempo. Peut-on dire que provoquer le maximum d’émotions chez l’auditeur est un leitmotiv de votre musique ? Quel est le processus de composition au sein du groupe ?
Adrien : Effectivement, pour le moment les deux albums ont été composés dans mon studio à la maison où je compose des bases instrumentales (guitares, drums), je construis les structures, les mélodies, les thèmes, je pose la couleur. Je travaille seul un peu comme un beat maker et je les envois au reste du groupe. En général, mon frère fait ses basses en premier et je les intègre dans le projet, ce qui m’emmène à reconsidérer plein de choses. Seb retravaille certains leads, apporte des arrangements, écrit les solos, il vient à la maison et on creuse ensemble les grattes. Guillaume vient ensuite avec ses textes, place ses lignes de chants et mélodies qu’on finalise ensemble. Robin intervient sur la suite en répète où il intègre ce que j’ai écrit pour la drum et rend tout ça plus fluide en apportant sa touche. Une fois la maquette finie on apprend à jouer les titres lors de répétitions très intensives et enfin on réenregistre tout pour faire l’album ! C’est un processus très exigeant, on y passe beaucoup de temps en ne laissant aucun détail au hasard. On veut maîtriser les morceaux en live avant d’enregistrer les versions finales.

J’ai été particulièrement sensible aux morceaux 149.6 et Echoes par leur utilisation pertinente et très bien intégrée des cuivres. Comment cette idée d’instruments complémentaires s’est-elle mise en place ? Ces morceaux seront-ils ou sont-ils déjà joués en live ?
Adrien : C’est un vieux fantasme de compositeur, avec ces instruments tout est plus intense, plus émotionnel. J’adore l’écriture harmonique et écrire pour les cordes est un pied absolu ! L’idée des cuivres me vient de Cult of Luna qui en utilise dans sa musique et ça me transporte à chaque fois, j’ai cherché le côté mélancolique des cuivres, ça peut être très triste comme instrument. C’est des amis trompettistes et trombonistes qui ont donné vie aux idées que j’avais. On les joue en live depuis 2 concerts (première fois au JUST ‘N’ FEST) et apparemment la réception est très forte côté public, on a des retours géniaux à la fin des concerts.

Les paroles et thématiques abordées tournent autour de l’humain, les choix de vie, les relations aux autres, il y aurait-il un morceau de l’album que tu souhaiterais mettre plus en avant au regard de ta sensibilité personnelle ?
Adrien : Je vais laisser la parole à Guillaume pour les deux dernières questions étant donné que c’est lui qui a créé l’univers du groupe avec ses textes et qui s’occupe aussi de retranscrire tout ça visuellement avec les artworks logo etc…

Guillaume : Pour moi, l’un des morceaux les plus fort est Echoes on se rejoint là-dessus ! En effet, j’ai toujours préféré aborder ma vie personnelle dans mes textes, je trouve ça plus intéressant. Cela permet de repenser au passé, de ne pas oublier et de laisser une trace indélébile de certains moments en les racontant d’une manière très imagée. J’essaie aussi de faire en sorte que les morceaux se répondent les uns aux autres et qu’il y ait une suite logique entre les albums.

Echoes est donc la suite de la chanson Black Queen du premier album.

Black Queen était comme un message pour ma mère disparue d’un cancer en 2008, je me disais que ce message résonnerait dans l’éternité sans jamais être entendu. Je m’étais libéré d’un poids mais en vain. Puis finalement dans Echoes, ce message arrive 12 ans après aux oreilles de ma mère, qui au travers de ma main écrivant le texte me répond et me pardonne pour mes erreurs.

Le visuel a été confié à REUBEN BHATTACHARYA qui a travaillé avec des grosses pointures comme Black Dahlia Murder, Monuments, Jinjer, Soilwork. Il est très réussi et témoigne selon moi d’un niveau d’ambition international. Doit-on en conclure qu’Uncomfortable Knowledge souhaite activement tourner et se développer à l’étranger?
Guillaume : Merci ! Pour parler des visuels quand j’ai commencé à parler avec Reuben de ma vision pour raconter en image toute cette histoire, on s’est compris très rapidement. La discussion était très fluide et même si on se connaissait depuis peu, on parlait assez simplement de tout, de nos histoires assez similaires, du rôle qu’on pouvait jouer dans nos familles respectives etc… le feeling est donc passé directement et je pense que c’est pour ça que les Artworks sont aussi pertinents et collent parfaitement à ce que raconte les textes.

Pour le mixage et le Mastering, on s’est servi des contacts que j’avais lors de mon premier groupe. Jonathan Mazzeo (Bleed Someone Dry) qui s’occupe du mix en Italie et Christian Donaldson (Cryptospy, Suffocation, …) qui termine le processus avec le Master.

Ils nous apportent une stature et un niveau très « international » au niveau de la production.

Notre RP Viralpropaganda se trouve au Portugal et nous place dans des médias en Angleterre, Allemagne, Italie, etc.

Bref, l’objectif est clairement de jouer et de toucher un public Européen. D’ailleurs on cherche un agent pour tourner hors de nos frontières. Pour la France, on a déjà 15 dates de bookées pour la tournée 2024 et ça avance fort !

On est impatient de vous présenter tout ça !

Notez que Lifeline sortira le 2 février 2024 sur les plateformes avec un clip live à cette occasion.

Rendez-vous à la release party le 3 février 2024 à Paloma / SMAC de Nîmes Métropole (Gard 30) en compagnie de Gravity, BÂKÜ et La Scandaleuse.

Le lien magique pour écouter Uncomfortable Knowledge : Reine Noire (found.ee)
et les suivre sur Facebook : https://www.facebook.com/UncomfortableKnowledgeOfficiel

Pour finir cette chronique, découvrez The Astral Mark, second extrait de l’album Lifeline : https://youtu.be/MuQATgJnmOM?si=2VgUZ3z5U1ZIjUxT

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