Enochian Keys – Chvpter I, album du groupe ETWAS (Occult Symphonic Metal)

Chronique écrite par François KÄRLEK

Certaines rencontres musicales ont un goût de révélation et d’évidence, ce 1er album « Enochian Keys – Chvpter I » de ETWAS m’a donné l’impression de devenir meilleure pote avec quelqu’un que je viendrais à peine de rencontrer, combinant un sentiment grisant de découverte avec une familiarité instantanée. 

Mais commençons par donner quelques repères : « Symphonique » et « Black Metal » sont les termes les plus souvent rencontrés si on se renseigne sur le style pratiqué par Etwas.

« Ah ok c’est du Dimmu/Cradle/Emperor ? » me direz-vous – > Non puisque le chant est exclusivement féminin et plutôt lyrique.

« Ah ok c’est du Epica/within Temptation/Nightwish » alors ? -> Non plus, car leur musique est nettement plus sombre et violente.

« Ben alors c’est quoi ? » -> c’est quelque chose en tout cas ! (ETWAS en allemand) dans un style que tu n’as sans doute jamais vraiment écouté auparavant …

On retrouve certes dans l’approche d’ETWAS des éléments proches des groupes évoqués plus haut :  guitares trémolos et heavy/speed dans le feeling, blast beat endiablé, synthé emphatique sonnant comme des chœurs ou du piano classique et surtout un chant féminin omniprésent. Mais c’est bien la combinaison de l’ensemble, donnant un aspect à la fois très abordable (le chant lyrique et les parties de clavier sont mélodiques) et underground (les ambiances, la batterie sont plutôt extrêmes), qui donne tout son sel à la musique proposée. Dans cette approche assez rare d’une musique extrême avec un chant féminin remarquable, le rapprochement serait plutôt à faire avec des groupes peu connus mais hautement recommandables tels que Madder Mortem ou Little Dead Bertha.

Chez Etwas, l’auditeur sera accompagné tout au long de sa découverte de l’album par la vocaliste Victoria, dont le chant est LE fil conducteur principal qui assure la cohérence de l’album, aussi bien d’un point de vue des harmonies que des ambiances.

Soprano lyrique, Victoria a très largement élargi sa technique entre le 1er EP du groupe (Behind The Veil) et le présent album sur lequel le chant devient hurlements, passages parlés, chuchotés, lorsque les ambiances deviennent plus sombres et méphitiques. Les textes évoquant magie noire, nécromancie, alchimie, cultes démoniaques et séances de spiritisme sont brillamment portés par ses interventions à la fois enjôleuses et sulfureuses, alternant entre un rôle de sorcière envoûtante, de sirène sournoise (au sens homérique), voire de démon vociférant quand entre en scène le chant grave et saturé de la maîtresse de cérémonie. J’en veux pour exemples les morceaux « It’s Alive » et « A Forked Tail And Horns », parfaites illustrations de la diversité musicale proposée.

Pour développer, « It’s Alive » présente une entrée en matière speed aux claviers et guitares, des alternances entres couplets lyriques et growlés très rythmés et un refrain majestueux qui n’arrive qu’en milieu de morceau après avoir fait monter la pression au maximum pour revenir en conclusion après un pont bien amené.

« A Forked Tail And Horns “ est pour sa part vraiment marquant avec son introduction grandiloquente et son couplet en 2 parties dont ce passage mi chanté/parlé à vous filer des frissons sur fond de blast-beat puis de double pédale. Le refrain vient là encore assoir la suprématie de superbes harmonies variant avec finesse sur des demi-tons. La structure se répète ensuite pour reboucler sur les passages d’introduction avec de subtiles variations.

Le panel des émotions est large et la maîtrise du propos en termes de composition et d’exécution, bluffante à plusieurs titres, est exemplaire.

Sans détailler chaque instrument je souhaiterais mentionner la batterie dont le jeu de grosse caisse est particulièrement soigné, alternant passages extrêmes impeccablement exécutés avec de très nombreuses parties syncopées et très rythmiques incluant des roulements de pédales (proches de ce que l’on entend habituellement dans du Death technique) qui donnent une furieuse envie de se trémousser sur de nombreux passages.

Je ne vais pas vous décrire tout l’album mais sachez que ce que j’apprécie le plus est que les morceaux sont faciles à mémoriser, à différencier et peuvent s’écouter à moult reprises sans lassitude tant les arrangements sont riches et plein de détails à découvrir. A ce titre Silver, guitariste et compositeur, a fait un travail remarquable sur la production, dynamique et équilibrée, qui met chaque instrument ainsi que le chant parfaitement en valeur dans un ensemble qui sonne organique, fluide et agréable à écouter, tout simplement, même si ça peut sembler trivial de le formuler comme cela.

Cet album que j’ai découvert il y a à peine 3 mois me donne ce sentiment évoqué en introduction de familiarité, comme un vieux compagnon de route. La plupart des compositions et mélodies proposées paraissent évidentes (malgré leur complexité) tant elles sont accrocheuses, naturelles et immédiatement assimilables et les pistes « The Mark of The Goat », « No Candle to Ignite”, “Philosopher’s Stone”, « In a Dreary Coffin », sont autant de « tubes » qui vous marqueront aussi dès la première écoute.

Je savais déjà que la scène (Black) Metal française regorgeait de pépites, en voilà une nouvelle avec ce « Enochian Keys – Chvpter I » particulièrement réussi que je conseille à tout amateur de musique extrême, symphonique et sortant du lot.

Notez que ETWAS seront le 21 octobre 2023 au Monster’s Art,  le 11 novembre 2023 en concert à Saint-Jean-de-Vedas

Pour suivre ETWAS sur Facebook : https://www.facebook.com/etwasmetal

Pour écouter : https://youtu.be/aVHd449kcX4?si=cwVJB0rQMvEdbW48

Et commander : https://etwasmetal.bigcartel.com/product/enochian-keys?fbclid=IwAR1cv-X3c3Bzirk-HwBAN53M0–K96dHTDH8tRwVwMZV1DmP6pO2TntPt5g

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