HIEROPHANT, le nouvel album de SANGDRAGON (Black / Death Epique) – Français / English

Chronique écrite par François KÄRLEK

FRANCAIS

Avec Sangdragon le temps semble distendu, car cela fait 6 ans déjà que le morceau d’ouverture de cet album « Curse of the Desert » est joué en live et plus de 4 ans que son clip, superbe, est disponible sur youtube.

Evidemment le premier facteur ayant décalé la sortie de cet album est le COVID, mais aussi je suppose l’idée de profiter de l’absence de concerts pour mettre à profit la disponibilité de chacun afin de proposer avec ce « Hierophant » une œuvre totale, la plus représentative possible de ce qu’est SANGDRAGON à l’instant t, sous forme de double CD, intitulés Dragon Noir et Dragon Blanc, et sortant le 21 octobre 2023.

Il faut savoir qu’avant d’être Sangdragon, groupe constitué de 7 musiciens depuis 2012 ayant déjà publié « Requiem for Apocalypse » en 2015, l’entité créée par Vincent Urbain s’est appelée Daemonium en 1993 puis Akhenaton en 1995 avec l’album Divine Symphonies sur la pochette duquel figuraient déjà les 2 dragons en question. On parle donc d’une entité artistique qui existe depuis 30 ans et propose ici son 4ème album, fort d’une très grande expérience en studio et scénique.

Commençons par les instruments, 7 musiciens donc, avec une formation standard de guitares et batterie mais à laquelle s’ajoutent le bouzouki, les claviers, le chant féminin, les chœurs pratiqués par 5 membres et des percussions complémentaires.

On sent tout de suite le niveau d’ambition du groupe pour combiner tout cela en live et sur album, les chœurs et claviers pour la partie symphonique, le bouzouki (guitare traditionnelle grecque) et les percus additionnelles pour les sonorités acoustiques et médiévales, le chant féminin pour adoucir et varier les ambiances vocales, pendant idéal du chant très Death Metal de Vincent.

Je parlais d’œuvre totale en introduction, il faut avoir conscience que Sangdragon est un groupe total, comprenez par là qu’aucun musicien n’est facultatif ni relayé à un second rang, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice et s’avère brillamment mis en valeur par les arrangements incroyables réalisés par Edouard, le claviériste.

Là où Septicflesh ou Dimmu Borgir ont pu proposer des prestations le plus souvent avec un simple clavier + bande enregistrée pour le côté sympho et quelques très rares prestations (filmées) avec orchestre et chorale, Sangdragon sort le grand jeu systématiquement ! Il suffit de regarder leurs live pour comprendre que rien n’est pensé au rabais et que cet album a été conçu de A à Z pour être restitué de la manière la plus naturelle et organique possible, sans esbrouffe.

Mais il serait sans doute temps que je vous parle un peu plus de ces deux albums en commençant par le volet Metal de Sangdragon.

DRAGON NOIR

Le groupe pose ses fondations sur un Death/Thrash des plus efficaces, avec des riffs généreux, mélodiques et qui tricottent, on pense à Slayer (War is War et son enchaînement de Riffs speed/thrash imparables), Morbid Angel (Let the Fire Speak avec sa lourdeur et son groove languissant). J’avoue qu’entendre des riffs à l’ancienne qui donnent envie de se décrocher les cervicales n’arrive plus si souvent avec le Metal moderne (souvent très basé sur la rythmique) et que ça fait vachement du bien.

A cela s’ajoute un côté symphonique, proche de ce que proposent tous groupes affiliés (Cradle of Filth, Samael, Limbonic Art…) avec des synthés très riches (imitant cordes, cuivres, etc..) donnant profondeur et emphase à de superbes passages : l’introduction et le pont à 4min de « Curse of the Desert », la relance imparable à 5min sur « War is War », le début et le final de « Under My Stigmata ».

Et enfin, LA marque de fabrique qui participe énormément à l’identité du groupe, les chœurs et instruments traditionnels qui donnent une dimension épique et belliqueuse à cet album. On se sent galvanisés par les chants guerriers parfaitement intégrés au sein des compos et ces ambiances avec intégration du bouzouki en tant que fil conducteur de sonorités médiévales (et même parfois orientales) sur « Proudly March to Die » ou « Frozen Fear » en particulier.

La patte Sangdragon est parfaitement reconnaissable et son identité forte au regard de la richesse proposée, parfaite imbrication d’éléments divers : les passages acoustiques, orchestraux, brutaux ne sont pas juxtaposés mais imbriqués entre eux et souvent superposés, un travail que j’imagine titanesque sur le mixage d’autant de lignes mélodiques et sonorités diverses.

Sur cette galette métallique on ne s’ennuie pas une seule seconde et l’ensemble est tellement fouillé que le nombre d’écoutes avant de tout maîtriser semble quasiment infini. D’autre part, l’album Médiéval acoustique vient parfaitement compléter l’ensemble et enrichir l’expérience de l’auditeur.

DRAGON BLANC

Loin d’être un simple bonus, l’album acoustique est une œuvre à part entière, tous les morceaux sont originaux (hormis l’excellentissime « Winged Blade » adaptation d’un morceau de l’album de 2015) et viennent proposer un repos potentiel pour les oreilles éprouvées. A titre personnel j’ai fait ma petite tambouille et écouté plusieurs fois l’album en intercalant les morceaux Noirs/Blancs (7 morceaux et 8 morceaux respectifs) pour varier l’expérience.

Méfiance sur la notion d’acoustique, on ne parle pas ici d’un bout de guitare avec des chants scouts et comptes narrés au coin du feu mais bien d’arrangements foisonnants riches et souvent progressifs dans leur structure. Reposant et doux certes, mais subtil et travaillé avec toujours une grande variété d’instruments, ces chœurs qui prennent aux tripes et moult moments de bravoure.

Les morceaux proposent à la fois un côté chaleureux, nous renvoyant l’image de tribus galvanisées et motivées (Cernunnos), mais aussi une facette nostalgique et contemplative (Behind the Mist), proche des ambiances envoûtantes et hypnotiques de groupes acoustiques de dark/néo folk tels que Heilung (Danemark), Wardruna (Norvège), Tehni (Finlande).

Chaque piste semble une tranche de vie, évoquant festivités à l’auberge (Tvern), traversées de paysages (Snow), batailles (Winged Bladed).

Que l’on soit sur l’album Dragon Noir ou Blanc, la grande force de Sangdragon est d’arriver à susciter chez l’auditeur des images et visions quasiment palpables. C’est lié à une approche de composition que je qualifierai de « cinématographique », en totale cohérence avec l’univers au sens large proposé par Sangdragon dont les membres font aussi partie d’une troupe d’animation (l’OST du Dragon) autour de cet univers médiéval et fantastique.

La musique proposée sur cet album à deux facettes, en plus d’être extrêmement travaillée et majestueuse, rend les ambiances concrètes et implique l’auditeur, le motive, lui donnant un sentiment de liberté totale et d’appel à se dépasser.

C’est en tout cas mon ressenti et je trouve que c’est LA grande force de ce Hierophant, véritable périple, grandiose odyssée, dont chaque piste est un hymne s’imbriquant parfaitement dans une œuvre totale, épique et majestueuse, qui nous emmène avec elle.

Vous l’aurez compris, Sangdragon propose ici son magnum opus, maîtrisé de A à Z avec un concept original totalement abouti et une identité forte, à la fois sans concession de format ni de style et susceptible de plaire au plus grande nombre (métalleux ou non d’ailleurs).

Un véritable tour de force et à n’en pas douter une œuvre majeure de 2023 toutes nationalités confondues, qui passera sans aucun problème l’épreuve du temps.

Pour suivre Sangdragon sur Facebook : https://www.facebook.com/SANGDRAGON.AKHENATON.DAEMONIUM

Pour commander l’album (ou du merch) : Marchandise | SANGDRAGON – AKHENATON – DAEMONIUM (bandcamp.com)

Et évidemment découvrir un clip de Sangdragon : https://youtu.be/k8kedb12hV4?si=TPLTxcygyK2QW4Ng

ENGLISH

With Sangdragon time seems distended, because it’s been 6 years since the opening track « Curse of the Desert » is played live and more than 4 years that its clip is available on youtube.

Obviously the first factor that postponed the release of this album is COVID, but also the idea of taking advantage of the available time to propose with this « Hierophant » a total work, as representative as possible of SANGDRAGON, a double CD, entitled Black Dragon and White Dragon, and released on October 21, 2023.

You should know that before being Sangdragon, a group made up of 7 musicians since 2012 having already published « Requiem for Apocalypse » in 2015, the entity created by Vincent Urbain was called Daemonium in 1993 then Akhenaton in 1995 with the album Divine Symphonies on the cover of which the 2 dragons already appeared. We are talking about an artistic entity that exists for 30 years and offers here its 4th album, with a very great experience in studio and stage.

Let’s start with the instruments, 7 musicians, with a standard formation of guitars and drums but also choirs (practiced by 5 members) and keyboards for the symphonic part, bouzouki (traditional Greek guitar) and additional percus for acoustic and medieval sounds, female singing to soften and vary the vocal atmospheres, ideal counterpart to Vincent’s Death Metal singing.

You have to be aware that Sangdragon is a « total » group, no musician is optional and everyone brings his skills and is brilliantly highlighted by the incredible arrangements made by Edouard, the keyboardist.

Where Septic Flesh or Dimmu Borgir offer most often performances with a simple keyboard and some very rare performances with orchestra and choir, Sangdragon comes out the big game systematically! Just watch their live performances to understand that nothing is cheap and this album was fully designed to be rendered in the most natural and organic way possible.

But let’s speak about these two albums, starting with the Metal part of Sangdragon.

BLACK DRAGON

The band lays its foundations on a Death / Thrash ground, with generous and melodic riffing, inspired by Slayer (War is War and its sequence of unstoppable speed/thrash riffs) or Morbid Angel (Let the Fire Speak with its heaviness and languid groove). Hearing old-fashioned heanbangers riffs doesn’t happen so often with modern Metal and feels really good.

The symphonic side, close to Cradle of Filth, Samael, Limbonic Art  with very rich synths gives depth and emphasis to splendid highlights : the introduction and the bridge at 4min of « Curse of the Desert », the unstoppable relaunch at 5min on « War is War »,  the beginning and finale of « Under My Stigmata ».

And finally, THE trademark of the group, the choirs and traditional instruments give an epic and bellicose dimension to this album. We feel galvanized by the warrior songs perfectly integrated into the compositions and the use of the bouzouki giving beautiful medieval atmospheres on « Proudly March to Die » or « Frozen Fear ».

The Sangdragon’s soud is perfectly recognizable in view of the richness proposed, perfect interweaving of various elements: the acoustic, orchestral, brutal passages are beautifully intertwined and often superimposed, a titanic work on the mixing of so many melodic lines and various sounds.

This metal Album is so subtle that the number of listens before mastering everything seems almost infinite. On the other hand, the album Medieval acoustic Album completes the listener’s experience.

WHITE DRAGON

Far from being a simple bonus, this acoustic album present original tracks (except the excellent « Winged Blade » adaptation of a song from the 2015 album) and offers a potential rest for your overworked ears. Personally I listened several times to the album by melting the 7 Black and 8 White songs to vary the experience.

Distrust of the notion of acoustics, we are not talking about a piece of guitar with scout songs and accounts narrated by the fireside. These are rich, progressive abundant arrangements in their structure. Restful and gentle certainly, but with a wide variety of instruments, these choirs that take to the guts and many moments of bravery.

The songs offer both a warm side, sending us the image of motivated tribes (Cernunnos), but also a nostalgic and contemplative facet (Behind the Mist), close to the haunting and hypnotic atmospheres of dark/neo folk acoustic groups such as Heilung (Denmark), Wardruna (Norway), Tehni (Finland).

Each track seems a slice of life, evoking festivities at the inn (Tvern), crossings of landscapes (Snow) or battles (Winged Bladed).

Whether you are on the Black ou White Dragon, the great strength of Sangdragon is to arouse in the listener images and visions. It is linked to a « cinematographic » composition approach, in coherence with the broad universe proposed by Sangdragon whose members are also part of an animation troupe (l’OST du Dragon) around medieval and fantastic ambiances.

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