ARCADIE d’Emmanuelle BAYAMACK TAM

Chronique écrite par Myriam CHAZALON

Il y a des lectures qui te divertissent, d’autres qui te font peur ou qui te font voyager. Et puis il y a celles qui te bouleversent…. Arcadie en fait partie : c’est un de ces romans que tu laisses à regret, que tu serres contre toi dès la dernière ligne achevée, que tu ne te résous pas à ranger dans ta bibliothèque… au cas-où…. C’est un roman que tu sais pertinemment que tu vas relire quand l’humeur est maussade, quand la vie semble morne. Tu sais ces petits moments où tu aimerais être ailleurs, loin du bruit, de la modernité, quand tu veux t’envelopper dans ton monde teinté de douce nostalgie.

4ème de couverture : Si l’on n’aimait que les gens qui le méritent, la vie serait une distribution de prix très ennuyeuse. Au domaine de Liberty House réside une étrange communauté : naturistes, électrosensibles, déments séniles et autres inadaptés y réapprennent à vivre et jouir sans entraves. C’est là que Farah, quatorze ans, et ses parents ont trouvé refuse. Mais au milieu de ce drôle de paradis, l’adolescente peine à s’épanoui. Et pour cause : sa seule certitude – être une fille – vient de voler en éclats. Un grand roman doux et cruel, à l’humour décapant, sur l’innocence et le monde contemporain.

Arcadie, c’est un homme qui n’a de cesse d’accueillir tous les gens cassés par la vie ou en décalage avec la société. C’est le gourou bienveillant d’une communauté de hippies modernes. Peace and love Brothers and Sisters. La société te rejette, Arcadie t’ouvre grand bras, âme, cœur et corps.

C’est Farah qui nous raconte sa vie à Arcadie. Elle arrive enfant à Liberty House, cette maison de tolérance. Entre une mère photosensible à l’extrême qui périssait à petit feux dans cette société percluse d’ondes magnétiques, un père plus immature qu’elle et une grand-mère ouvertement nudiste et lesbienne, elle se construit tant bien que mal auprès de la collectivité.

Car notre Farah n’est pas gâtée par cette nature qu’elle aime tant. Son corps, épris de liberté, vit sa vie propre, laissant de côté ses émotions et ses souffrances. Mais finalement, qu’importe, car il y a tant d’amour, tant de valeurs positives autour d’elle, que l’apparence et la maladie, c’est secondaire après-tout.

Mais, parce qu’il y a toujours un mais, un corps étranger va venir perturber cette vie idéale et remettre en cause tous les acquis de Farah.

Arcadie est rattrapé par la société qu’il s’est évertué à fuir, Arcadie est faillible. Mais sa faille est bien peu profonde par rapport au gouffre incommensurable du reste de l’Humanité… Et pourtant, est-on prêt à lui pardonner ?

Arcadie ne se résume pas, il se lit, se vit, se ressent. C’est une ode à la liberté, à la tolérance, à la différence, aux amours : amour de soi, amour des autres, amour de tout ce qui nous entoure, sans tabou… Bienveillance naïve, utopique, mais qui fait un bien fou.

Si je n’avais qu’une chose à dire de ce roman, ce serait : « Sur le mur de cette humanité déshumanisée, Liberty House , j’écris ton nom ».

Arcadie – Emmanuelle Bayamack-Tam, Éditeur : Folio (28 mai 2020)

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