
Vous avez plutôt l’habitude de retrouver mes retours de lectures ici sur le blog mais aujourd’hui, je vais vous faire une chronique musicale pour changer. Vous voudrez bien pardonner le manque de termes techniques musicaux car je ne suis pas une spécialiste en la matière. Ceci n’empêche en rien de parler avec le cœur et de vous livrer mon ressenti.
Récemment, j’ai découvert SCHRODINGER, pas le physicien (ni son chat) mais le groupe et il faut absolument que je vous en parle ! Ne cherchez pas une case à cocher pour les classifier, je crois qu’il n’en existe pas. C’est pour moi un OVNI musical et je ne vous cache pas mon étonnement lorsque j’ai écouté leur premier EP nommé Santa Sierra, sorti en octobre 2019.

SCHRODINGER est un quatuor, originaire de Nice et composé de Julien Aldeguer à la guitare, Adnane Tellou au chant, Guillaume Marill à la basse, Rémi Sérafino à la batterie.

Julien Aldeguer a bien voulu se prêter au jeu des questions/réponses.
Comment définirais-tu la musique de Schrodinger ?
JA : Alors de mon point de vue, je crois que l’on peut mettre Schrodinger dans la case rock ou metal expérimental. C’est une musique assez hétérogène et entrainante, qui joue avec les clichés de différents styles pour mieux les détourner, qui prend des risques et qui n’a pas peur d’être impertinente. C’est un projet qui s’inscrit dans une tradition dite “d’avant-garde”, comme Mr Bungle, Faith no more, ou Twelve foot Ninja avant nous. Après, c’est vrai qu’il se passe beaucoup de choses sur ce premier EP et que c’est difficile de le résumer en quelques mots. On pourrait aussi le résumer comme étant “multi-style” avec le rock et le metal qui jouent un rôle de fil conducteur. Le mieux c’est d’écouter pour se faire son propre avis.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
JA : Après 5 ans à Paris à travailler dans la création et le design pour d’autres, j’avais envie d’une rupture et de pouvoir mettre à profit les idées que j’avais eues et n’avais pas pu réaliser par manque de temps. Je suis donc retourné vivre à Nice fin 2017, j’ai commencé à chercher des musiciens avec qui construire un projet.
J’ai rencontré Adnane, qui avait déjà un groupe, et avons bien accroché humainement et musicalement. En février 2018, son groupe s’est séparé et il m’a rappelé pour me proposer de faire un projet ensemble. On a discuté de la direction, je lui ai fait part de mes idées et lui des siennes et hop, Schrodinger était né. Sur le papier en tout cas.
Ensuite, nous avons commencé à nous envoyer des idées nouvelles et anciennes pour faire le tri et savoir ce que nous gardions. Finalement, nous en avons gardé quelques-unes (par exemple la partie salsa du titre Santa Sierra ou encore le refrain de Plastic Monkeys). Et nous en avons apporté de nouvelles 🙂
Comme je connaissais le bassiste (Guillaume Marill) depuis longtemps, car nous avions fait beaucoup de dates ensemble, et qu’il était dispo, je lui ai proposé de nous rejoindre.
Rémi (le batteur) est, quant à lui arrivé, 2 semaines avant l’enregistrement, il a donc eu 15 jours pour composer ses parties et se les approprier. Pour l’anecdote, il a tout enregistré en une seule journée, ce qui est une prouesse, vu le timing et certaines parties instrumentales. On l’avait contacté initialement pour lui proposer le poste, mais on s’était mal compris et il n’y a pas eu de suite. Alors, c’est Sébastien Cahmi, l’ingénieur son avec qui nous travaillions, qui devait faire la batterie de l’album, car il avait le profil, mais il préféré se concentrer uniquement sur la production. Donc, il a de son coté relancé Rémi, qui était chaud. ».
Comment s’est passée la préparation de Santa Sierra, que je trouve grandiose au passage ?
JA : Merci et ça fait d’autant plus plaisir qu’on a mis je crois beaucoup d’énergie et de nous-même dedans :). Comme je l’évoquais, Adnane et moi avions déjà quelques bouts de morceaux, des idées dans les tiroirs quand on a pris contact, on a donc commencé à se les envoyer et chacun a commencé à y apporter sa vision, ses idées. A dire ce qu’il lui plaisait, ce qu’il ne voulait pas etc. On fonctionne beaucoup en ping-pong tous les deux et on adore travailler ensemble, on est dans l’écoute, le respect et surtout il faut le dire : on se marre bien. On habite à 15 km les uns des autres, mais on travaille surtout à distance et on ne répète qu’avant les concerts. Donc la répète traditionnelle ne rentre pas dans notre processus de composition. Bien sûr, on se voit aussi très souvent, mais plus pour discuter des idées et boire des bières. Et… c’est aussi comme ça qu’émergent les idées ! On aime jouer et s’amuser avec les clichés et on essaie comme on peut, à notre mesure, de s’en servir pour proposer une approche originale.
Dans le processus créatif de l’EP, on s’est envoyé beaucoup d’idées mais on en a gardé que très peu, car on les jugeait pas assez intéressantes, trop ci, trop ça, ou pas assez mûres. On a bouclé le studio en janvier 2019 et avons enregistré en avril de cette même année. Je me suis occupé de la composition instrumentale (sauf pour le morceau 420, où Adnane est venu avec une trame) et ensuite Adnane a proposé ses idées par-dessus, on a échangé etc. On est donc arrivé avec ça puis la batterie et la basse ont rajouté leur grain de sel sur cette base avant l’enregistrement. Aujourd’hui, on travaille un peu différemment, chacun amène des idées, c’est plus participatif en amont de la composition. On va voir ce que ça donne :). La difficulté principale c’est que sur 6 titres, c’est compliqué d’avoir un univers cohérent quand tu as beaucoup de styles représentés. Et je pense que ça a été un des principaux casse-têtes et d’après les retours, la mayonnaise de ce travail a prise 🙂
Sinon comme beaucoup de groupe indépendants, on a tout fait tout nous-mêmes (à part l’enregistrement et la réal du clip de Plastic Monkeys), comme les visuels par exemple, c’est donc en dehors, de la musique aussi pas mal de temps et de recherche créative. 🙂
Peux-tu nous parler du choix des univers musicaux de chaque titre ?
JA : On nous a souvent dit la pochette de l’EP donne une bonne idée de l’esprit de ce qu’on y trouve. Santa Sierra parle de sujets plus ou moins sérieux, plus ou moins réels, mais avec un point de vue assez distant, plutôt impertinent et avec une bonne dose de second degré. Le choix des univers, c’est surtout des sujets qui nous amusent ou qui nous fascinent. Les univers des morceaux de Santa Sierra et plus largement l’EP, nous ont en général été inspirés par le réel, à travers le cinéma/les séries, les documentaires et les média alternatifs comme Vice et les réseaux sociaux qui semblent parfois à cheval entre les deux dans leur mise en scène.
En quelques mots :
Love and saucers porte sur l’histoire d’un artiste peintre qui a eu des relations amoureuses et sexuelles avec un extraterrestre
Plastic monkeys, évoque de la manière dont est produite et consommée la musique
Santa Sierra, aborde un fait divers d’une jeune européenne qui part en quête d’aventures en Amérique latine mais qui finit découpée dans un sac poubelle – Le titre évoque le nom d’un lieu, mais « sierra », c’est aussi « la scie » en espagnol… Le morceau s’appelait initialement Mecanica Electrica
420 évoque les contradictions de la régulation et de la consommation de weed
Supaman, parle des rapports homme-femmes dans la perspective du plaisir à sens unique
Slack quant à elle traite des réseaux sociaux et du narcissisme social

La première écoute de Santa Sierra m’a un peu chamboulée tant leur univers est particulier mais j’ai replongé au cœur du shaker une deuxième fois pour me laisser totalement happer dans leur monde. Celui-ci m’a un peu rappelé, avec une petite pointe de nostalgie, mon adolescence lorsque j’écoutais entre-autres Faith no More, Mordred ou encore Infectious Grooves parce que j’y ai retrouvé cet esprit de fusion des genres.
SCHRODINGER est influencé par toutes les musiques et cet EP est un savant brassage à la fois de metal, de musique latine, de rock des années 90, de musique progressive et expérimentale ou encore de hip-hop. Le tout est incroyablement audacieux, maîtrisé et réussi. Outre la partie musicale que j’ai trouvée excellente, j’ai été particulièrement stupéfaite par les prouesses vocales d’Adnane. Vous allez en prendre plein les oreilles et j’espère que les 6 titres de Santa Sierra vous emmèneront loiiiiiiin comme cela a été le cas pour moi !
Je vous invite à découvrir Plastic Monkeys, premier single et clip du groupe, qui a été réalisé par Benjamin Bachelard (Gorod) https://youtu.be/EKcA9nuzOYo
Ce petit bijou est disponible sur les principales plateformes digitales.
Spotify : https://spoti.fi/2OSc6Mz
Deezer : http://bit.ly/32kwkCz
Youtube : http://bit.ly/35z6qgy
Leur FB :https://m.facebook.com/schrodingerofficial/
Leur site officiel (avec le merch pour s’acheter Santa Sierra) : https://schrodinger-band.com/