ABIGOR – Nachthymnen (From the Twilight Kingdom) (1995)

Chronique de Nicolas Ulv Schweitzer

Par bien des aspects, cette chronique pourra faire écho à celle que j’ai récemment écrite sur At The Gates pour au moins 3 raisons :

– Si Tomas Lindberg nous a quitté il y a quelques semaines, Peter Kubik, guitariste de génie d’Abigor, est lui décédé l’année dernière dans un anonymat relatif.
– Abigor comme At The Gates sont des groupes majeurs, influents et très respectés, sans n’avoir jamais explosé commercialement parlant.
– Les chefs d’œuvres respectifs de ces groupes sont sortis il y a 30 ans.

Après un premier album d’anthologie chaudement recommandé avec une ambiance médiévale encore plus marquée, Abigor enchaîne l’année suivante avec ce Nachthymnen.

Nous avons affaire à du Black Metal ancré dans son époque. On y retrouve tout l’attirail de base, musicalement comme visuellement. Mais les autrichiens (hé oui, tout ne se passe pas en Scandinavie, déjà à l’époque !), à l’instar d’Emperor et de quelques autres, ne se fixent pas de limites et sont bien décidés à emmener leur Black Metal le plus loin possible. Une attitude et une volonté d’évoluer qui caractérisera toute la carrière du groupe.

Nous avons donc des synthétiseurs judicieusement utilisés qui viennent appuyer l’ambiance médiévale et nocturne qui émane de cet album (laissez-vous emporter par l’introduction de Unleashed Axe-Age, première tuerie de l’album). Il y a des passages acoustiques, la voix féminine de Elisabeth Torsier (ah le début de Scars in the Landscape of God), le jeu de batterie pour le moins impressionnant de TT, les riffs de PK, et les vocaux écorchés totalement possédés de Silenius qui est l’un des meilleurs vocalistes de Black Metal. Rappelons que ce dernier officie également au sein de Summoning, autre groupe de génie totalement incontournable.

Arrêtons-nous également sur Dornen, sublime morceau où le tempo ralentit significativement et où la voix d’Elisabeth nous enchante tout du long, avec un final épique absolument sublime.

Ah, et les guitares sur As Astral Images Darken Reality, c’est quelque chose aussi nom de Dieu…

La production, comme souvent chez Abigor, est assez crue, sans doute trop, mais ce n’est pas dérangeant pour le style pratiqué et on s’y fait rapidement.

Les transitions sont parfois abruptes, et à l’heure où j’écris – soit 30 ans plus tard – on pourra trouver l’ensemble kitsch, niais, daté, vu et revu… Il serait dommage de s’arrêter là.

L’œuvre des autrichiens réclame peut-être un effort d’écoute, mais croyez-moi, une fois que vous entrez dans leur univers, c’est pour la vie.

Trop méconnu bien qu’adoré dans l’ombre par quelques adeptes, à l’instar d’un Obtained Enslavement, l’œuvre d’Abigor est à redécouvrir de toute urgence.

Extrait :

Autre album recommandé : Verwüstung / Invoke the Dark Age (1994)

Laisser un commentaire