Ashen Heart – Dragons of Death (sortie le 6 novembre 2025)

(Chronique de Funeral Scribe)

« Ex cinere resurgo. Ex igne renascor. »
— Des cendres je me relève. Du feu je renais.

Sous le voile noir d’une nuit sans étoile, une rumeur s’est levée depuis les profondeurs du Sud.
Elle avait le goût du fer et le parfum du soufre.
Elle s’appelait Ashen Heart, un nom battant comme un tocsin dans la poitrine des damnés.

Dans le silence brisé de la ville endormie, j’ai entendu leurs dragons rugir.
Non pas ces créatures de contes, mais des spectres ardents, nés de riffs et de flammes, porteurs d’un souffle ancien.
Leur royaume n’est pas fait d’or ni de gloire — il est taillé dans la pierre noire du metal, forgé entre la mélancolie et la colère.

Dragons of Death n’est pas un simple album : c’est une marche initiatique, une traversée du feu.

Dès les premières mesures, la terre tremble : les guitares s’élancent comme des épées sorties du néant, la batterie martèle avec la précision d’un rituel païen, et la voix — rauque, ardente — invoque les cendres du monde pour en extraire la lumière.
Chaque morceau s’élève comme un dragon de guerre, traçant sa silhouette incandescente dans un ciel de tempête.
Les mélodies s’enchaînent avec une justesse implacable : tantôt guerrières, tantôt funèbres, elles dessinent le parcours d’une âme traversant ses propres flammes.

Ashen Heart ne cherche pas à impressionner. Ils affirment.
Ils rappellent que le métal peut encore être un acte de foi, un feu sacré.

Leur force réside dans cet équilibre rare : la rage du black, la majesté du heavy, et ce sens du drame que seuls les groupes habités possèdent vraiment.
Chaque note semble pesée, chaque silence résonne comme un écho d’éternité.
On sent la main de forgerons conscients de leur œuvre — non pas des artisans du bruit, mais des sculpteurs de lumière dans la suie.

Et sous la violence, il y a la beauté.
Celle d’une larme tombée sur l’acier.
Celle d’un horizon rougi par le couchant, quand la mer embrase le ciel avant de sombrer.
Ashen Heart insuffle à Dragons of Death une profondeur émotionnelle qui dépasse le simple exutoire.
C’est une liturgie du feu, un requiem pour les dragons endormis en chacun de nous.

Alors que le dernier morceau s’éteint dans un souffle de cendre, un silence épais s’installe.
Mais ce silence n’est pas vide. Il respire encore — lentement, puissamment.
Comme un cœur de braise qui refuse de mourir.

Car c’est là le vrai secret d’Ashen Heart :
ils ne chantent pas la mort, ils chantent ce qui lui survit.
Et dans les ombres rougeoyantes de Dragons of Death, on comprend que certaines flammes ne s’éteignent jamais — elles apprennent simplement à brûler autrement.

Ainsi s’achève la marche des dragons — non dans la mort, mais dans l’éternité incandescente de ceux qui ont osé renaître du feu.

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