SEISACH’IV – EDITION 2025

La Seisach’, festival organisé par l’association Musiques en Bastide et Seisachtheion, revient pour la 6ème année ravir les oreilles des metalleux extrêmes. La salle Simone Veil de Sauveterre-de-Guyenne vibrera durant deux jours intenses au cours desquels la scène metal hexagonale sera mise à l’honneur.

Cette année, les visiteurs auront l’occasion de voir AD PATRES (Death Metal), CARCOLH (Doom), RYTUAL (Thrash/Death), BLACKSTORM (Thrashcore) et OPPRESSION (Black Metal) le vendredi 17 octobre 2025 ainsi que MISANTHROPE (Black Metal), AORLHAC (Black Metal Atmosphérique) en remplacement de BELENOS initialement annoncés, BELORE (Epic Black Metal), HEXECUTOR (Black/Speed Thrash Metal), et Iron FLESH 5Old School Death Metal) pour la journée du samedi 18 octobre 2025.

Non contents de proposer des concerts de qualité, les orgas ont une volonté de faire découvrir le metal au travers de différentes manifestations qui ont lieu aux abords de l’évènement. L’accès est libre et offre la possibilité à tous de s’y rendre. Ainsi, vous aurez l’occasion de contempler les œuvres d’art de Marie Moyère, de jouer à des jeux de rôles (inscription préalable) ou encore de vous laisser emporter dans les contes de Quentin Fourreau. Cette année, le Market accueillera plus d’exposants pour satisfaire vos envies de merch.

Nous voulions en savoir un peu plus sur ce festival qui nous fait de l’œil depuis un certain temps au sein de l’équipe (nous espérons pouvoir nous y rendre tous ensemble une prochaine édition). Nous avons donc tout naturellement contacté Seisachththeion pour lui poser quelques questions.

Bonjour Sébastien. Peux-tu te présenter et nous dire quel est ton parcours au sein de la scène metal ?
Salut !
Désolé, mais ma présentation va être vite faite, puisque je n’ai pas une place particulière au sein de la scène Metal et je ne souhaite pas forcément en avoir une d’ailleurs. Malgré tout, ma vie de metalleux est faite comme tout le monde de quelques moments importants, …
… comme l’écoute des albums de Fear Factory au milieu des années 1990 qui m’ont fait passer d’une culture rock/grunge à une culture metal ;
… comme le concert bordelais en 1998 de Cradle of Filth/Napalm Death/Borknagar (souvenir d’une période bénite à jamais révolue !), qui m’a fait plonger dans le Metal extrême, le Black Metal spécialement ;
… comme la lecture d’un article du Télérama de mai 2017 qui faisait la chronique – si si cette revue en faisait… – de deux albums des Acteurs de l’Ombre. L’un deux était End of Chapter des Lithuaniens d’Au-Dessus. L’écoute de cette gemme noire qui s’en est suivi m’a complètement bouleversé, retourné, submergé, au point de remettre la musique au centre de ma vie. Le début d’un … nouveau chapitre qui a fait que je suis devenu 18 mois plus tard chroniqueur Black Metal pour le webzine Coreandco, grâce à un pote de la team (Xuaterc). J’ai pris alors le surnom de « Seisachtheion ».

Tu as fondé ton festival, la Seisach’, qui a lieu chaque année à Sauveterre de Guyenne en Gironde. C’est la 6ème édition cette année. Peux-tu nous dire comment t’es venue l’idée et nous en parler davantage ?
Eh bien, figure-toi que l’idée de cet événement Metal n’est même pas la mienne ! La Seisach’ est même née presque par hasard ! En 2019, mon cadet prenait des cours de guitare avec Cédric Rougier, le directeur de l’école de Musiques en Bastide, qui gérait par ailleurs la salle de concert Simone Veil. Il a intercepté une conversation de Cédric qui souhaitait créer un événement Rock/Metal et, se mêlant de ce qu’il ne le regarde pas, il a interpelé tout le monde en disant que son père était chroniqueur Metal pour CoreandCo ! Et de fil en aiguille, la première édition est née en janvier 2020. On a eu du bol. Deux mois plus tard, c’était le confinement…

Votre ligne directrice est la scène française (déjà bravo car nous avons tellement de bons groupes qu’il est important de leur donner de la visibilité). Pourquoi ce choix ? Envisagez-vous élargir un jour la programmation à des groupes étrangers ?
La programmation de groupes français n’est pas forcément une ligne de conduite, c’est plutôt le résultat d’une combinaison entre opportunités, disponibilités et visibilités. La Seisach’ est ancrée dans un territoire rural du Sud-Ouest aquitain pour l’heure invisible des bookers de tournées, pour qui cette région est un véritable finisterre. Pas pratique de faire une boucle alors que le reste du tour se fera au nord de la Loire et au nord-ouest de l’Europe. Les disponibilités et les opportunités sont rares, alors même que la jauge de la salle Simone Veil est loin d’être dégueu (600 places). Qui plus est, il faut un budget pour cela. Le but est donc de creuser gentiment son sillon, année après année, ne pas sauter les étapes. Et le vivier du Metal extrême français, par sa densité, est idéale pour faire grandir ce festival, en faisant venir autant les darons de la scène que les forces vives de la région.

Est-ce que tu as une équipe pour t’épauler dans l’organisation ?
Derrière la Seisach’ se cache l’association Musiques en Bastide qui bénéficie depuis deux ans d’une cession partielle de service public par la mairie de Sauveterre-de-Guyenne. Résultat : tout événement musical à la Salle Simone Veil, en production, co-production ou en soutien technique, doit passer par cette association, dont j’assure désormais la présidence, après avoir été vice-président durant trois ans. C’est Musiques en Bastide et son directeur, Cédric, qui détiennent toutes les licences (spectacle, boisson) autorisant l’organisation et le financement de ce festival.
Les festivaliers de la Seisach’ ne le savent pas et ils s’en tapent d’ailleurs (et ils ont bien raison), mais la plupart des événements Metal – prends l’exemple de Carnage Asso et du Muscadeath – sont organisés par des associations nées uniquement pour organiser un fois par an un festival de Metal. Même si d’autres événements peuvent être organisés autour, toute l’énergie de ses membres est tournée vers lui. Or, Musiques en Bastide organise toute une saison culturelle, avec une dizaine d’événements par an à la salle Simone Veil, une quinzaine même si on intègre l’accueil des spectacles scolaires (chorale, classe-orchestre). Et la Seisach’ n’est donc qu’un événement parmi eux, même s’il reste le plus ambitieux. À l’heure où on fait cette interview, Musiques en Bastide est en pleine rentrée, car nous sommes aussi (et surtout) une école de musique avec plus de 100 élèves et une demi-douzaine de professeurs. Pas simple, alors que, durant cette période, on finalise l’organisation de la Seisach’ !

Que signifie le nom du festival et ton nom public (Seisachtheion/Seisach’) ?
« Seisachtheion » est une référence à un cours d’histoire grecque que j’ai reçu en 2e année de fac. L’enseignant nous avait parlé alors d’un certain Solon, magistrat athénien du VIe siècle av. J.-C., qui avait mené une politique fiscale audacieuse consistant à effacer les dettes des citoyens de la cité. Cette réforme porte le joli nom de Seisachtheia, littéralement « soulagement du fardeau ».
Quand je suis devenu chroniqueur, je ne voulais pas faire apparaître mon matricule, d’autant que je suis moi-même enseignant. J’ai donc masculinisé ce mot et c’est devenu « Seisachtheion », « le pourfendeur du fardeau ». Autant te dire que les copains de Coreandco ont galéré pour l’écrire et le prononcer. Jusqu’à que Cyril Glaume règle le problème en m’appelant « Seisach’ ». Prononcez-le comme vous pouvez, mais ça se dit plutôt [séïzak].

La programmation est vraiment exceptionnelle cette année (AD PATRES, CARCOLH, RYTUAL, BLACKSTORM, OPPRESSION pour le vendredi et MISANTHROPE, AORLHAC, BELORE, HEXECUTOR, IRON FLESH pour le samedi). Comment choisis-tu les groupes qui sont à l’affiche ?
Je consulte beaucoup, demande des avis ici et là, mais à l’issue je suis le seul à booker, d’autant que je suis (quasiment ^^) le seul metalleux au sein du bureau de Musiques en Bastide. Si je m’écoutais, je ne ferais que du Black Metal. Mais il m’a semblé plus pertinent d’en faire un event de Metal extrême, violent et/ou sombre, avec en plus du Death mais aussi une lichette de Doom, de Post- et de Thrash. Un groupe comme Hexekutor, booké cette année, est super précieux, car il pourra plaire autant aux Thrashos qu’aux Blackeux.
L’année dernière, pour les 20 ans de Coreandco, j’ai ouvert le vendredi au HxC ou au Prog’ ; la soirée a été plutôt bonne niveau fréquentation (contrairement au lendemain), mais je ne me suis pas senti super à l’aise, ni légitime à le faire. Bizarre…
Dans tous les cas, j’essaie de trouver un équilibre entre les valeurs fortes de la scène nationale, les groupes reconnus dans leur style et les jeunes formations de la Gironde et de la région.
Sinon, il m’arrive d’abord de chroniquer un album pour Coreandco puis, ayant apprécié ou senti un potentiel sur scène, de faire une proposition de booking. C’est ce qui est arrivé pour Miasmes par exemple, pour lesquels j’avais fait le déplacement de deux heures pour les voir au Vars Attacks (un an avant la Seisach’ 5), discuté avec eux et calé leur venue. Mais j’avais avant toute chose aimé leur 1er album et écrit quelques lignes à ce sujet pour le ‘zine. C’est à la fois cohérent et un peu con comme approche !
Mais, comme pour ton organisation, il y a des couacs, comme l’annulation de mes têtes d’affiche Black Metal, Seth l’année dernière, Belenos cette année. Le sort s’acharne (je te parlais plus haut du manque de visibilités de la Seisach’…), mais on a su rebondir et trouver des remplacements super qualitatifs (respectivement Kronos et Aorlhac). Mais ça reste un coup dur, surtout cette année où on a vraiment frôlé l’annulation.

Ton festival ne met pas seulement en avant les groupes, il propose d’autres activités liées au monde du metal. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Exactement. Dès la 3e édition, il m’a semblé pertinent de créer un OFF avec des expositions, des conférences et des concerts, le tout ouvert à tous, y compris aux habitants du coin. Cela a permis de travailler plus étroitement avec la mairie et la médiathèque. En 2022, on a fait venir une exposition SACEM sur l’histoire du Metal et j’ai fait une conférence (« Quelques idées reçues sur le Metal… »). L’année suivante, s’est tenue une rencontre sur « Lovecraft, la BD et le Metal » animée notamment par Ben de The Great Old Ones, suivie dans la foulée de la belle prestation de l’artiste bordelais QLAY. L’année dernière, c’était autour de l’artiste et du musicien Jeff Grimal d’être mis en avant, avec ses peintures et son projet KESYS, avant que le public puisse participer à une conférence intéressante intitulée « Le Black Metal à la croisée des chemins : littérature et musicologie ».
Pas de conférence cette année, mais une expo de Marie Moyère (l’artiste qui a fait l’artwork de cette année), ainsi qu’une représentation de Quentin Foureau, conteur bien connu des black metalleux, qui a travaillé avec de nombreux groupes (Hexekutor, Darkenhöld, …) et qui présentera à la médiathèque avec le harpiste celtique Simon Gautier son tout nouveau projet : Trouble Émeraude. L’Irlande fantastique en cordes et en mots.
J’aime à penser que le Metal, le Black Metal en particulier, peut dégager une réelle aura artistique, littéraire et intellectuelle. En tout cas, c’est le genre de musique extrême que j’aime écouter et chroniquer. On revient donc au point de départ…

L’artwork de l’affiche est donc signée Marie Moyère, est-ce ta première collaboration avec cette artiste ? Comment l’as-tu choisie ?
Oui, c’est la première fois que nous travaillons avec Marie Moyère. Jusque-là, c’était Fédric Vinciguerra qui s’occupait des visuels des affiches, avec ses dessins torturés fait au stylo bic.
Grâce à l’intervention de The Insane Legions, association bien connue de la place bordelaise, Marie était venue comme bénévole l’année dernière. J’ai découvert ses talents et on a découvert une passion commune pour les vanités. Je lui ai dit : « J’aime la mort, j’aime la vigne, tu pourrais faire un artwork avec ça !?! ». Et le résultat final, avec ce squelette enchâssé dans ce pied de vigne et avec cette lune de sang en arrière-plan, est juste magnifique.

A l’heure actuelle où de nombreux festivals se développent et se déroulent parfois à des dates similaires, penses-tu qu’il serait bien que tous se coordonnent pour permettre aux festivaliers de ne pas avoir à choisir entre deux ?
Peut-être fais-tu référence au fait que le Tyrant Fest depuis deux ans ait déplacé son week-end de novembre à octobre, sur le même week-end que la Seisach’ ? Franchement je ne suis pas sûr que les festivaliers se posent la question, car la Seisach’ ne boxe pas du tout dans la même catégorie. De mon côté, je suis coincé, car il me sera impossible d’avancer l’évènement d’une semaine, la Salle Simone Veil étant très demandée. Un salon du livre s’y organise une semaine avant depuis de nombreuses années.
Peut-être qu’on travaillera à l’avenir avec le Tyrant sur un plateau commun qu’on proposera aux tourneurs. Entre le vendredi et le dimanche, c’est envisageable. J’ai de très bonnes relations de travail avec l’une des programmatrices, qui est également chez Dead Pig. Je l’ai fait bosser avec Otargos ou Black Bile. Pour ce dernier groupe justement, ils sont même venus l’année dernière le vendredi (en remplacement de Yarotz) avant d’enchaîner sur le Tyrant. Sportif, mais possible, malgré les … 800 km nous séparant.
Pour être tout à fait honnête à toi, je suis moins inquiet de la présence du Tyrant le même week-end que la Seisach’ que de la saturation des concerts organisés à Bordeaux en octobre cette année : Igorrr, Sun, Alcest, Kadavar, Sylvaine, Leprous et j’en passe. C’est cool pour la vitalité de la place bordelaise, qui grapille son retard sur Toulouse. Mais, le porte-monnaie des personnes n’étant pas extensibles, il y a de quoi être inquiet… On verra bien !

Est-ce que tu penses qu’associer ton festival à un ou plusieurs labels te permettrait d’être plus compétitif ? On peut imaginer un deal avec une partie de ta programmation qui serait assurée par le ou les labels en échange d’une visibilité nettement augmentée pour la Seisach’ ?
Ce sont les têtes d’affiche qui rendent – de mon dispensable point de vue – un festival compétitif, suivi de la bonne combinaison de styles et de groupes parmi le reste du slot. Et c’est là que l’association d’un festival avec un label peut être pertinente, en te donnant encore plus de crédibilité auprès des connaisseurs. Ce n’est pas forcément cela qui te fera venir du monde, en tout cas pas à Sauveterre-de-Guyenne. Si la Seisach’ était organisée dans ou près d’une métropole, la problématique ne serait pas du tout la même !
Tu vois, j’ai découvert récemment toutes les qualités et les promesses d’un beau label nantais, l’Ordalie Noire ; si un jour on retrouve Malkavian, Initiation ou Owls à l’affiche d’une Seisach’, ce sera alors le signe que ce festival a pu changer de gap et prendre le risque de mettre en valeur des groupes en devenir et trop méconnu. J’ai d’autres contacts bien sûr, chez Frozen Records (qui aimerait venir) ou les Acteurs de l’Ombre. J’accueillerais très volontiers leurs stands, tout comme celui de Transcendance, mais je n’ai pas l’impression que la Seisach’ ait encore la dimension pour cela. La Seisach’ n’est pas le Tyrant Fest et – là encore – cela ne me dérange pas du tout.

Qu’est-ce qui fait la force ou l’originalité de la Seisach’ par rapport aux autres festivals ?
L’originalité je ne sais pas trop… La force ? Peut-être son ancrage dans son territoire rural et son ouverture aux autres. Je suis assez fier d’avoir fait la jonction entre ma passion pour la musique et mon métier d’enseignant. J’ai présenté il y a deux ans le ciné-concert The Call of Cthulhu des copains de The Great Old Ones, à 150 élèves de 4e du collège de La Réole où j’enseigne, ainsi qu’à 50 élèves de la section musique du lycée de cette même commune. Et ce en exclusivité, la veille de leur passage à la Seisach’ 4 et une semaine avant de le présenter à Rennes aux 25 ans de Garmonbozia ! Mes anciens élèves m’en parlent encore !
Cette année, la veille du OFF de la SEISACH’ VI, sur la scène du cinéma de La Réole, Quentin Foureau et Simon Gautier présenteront Trouble-Emeraude à 155 élèves de 5e !

Quelle serait pour toi l’affiche de rêve ?
L’affiche de rêve serait 100% Black Metal bien sûr, ou 100% Metal bien sombre, lourd et cryptique. J’ai des groupes que j’adorerais voir sur la scène de la Salle Simone Veil comme …And Oceans, Der Weg Einer Freiheit, Grima, White Ward (pas la même année pour ces deux derniers groupes…), Groza, Mork, Mütterlein, Arkona, Panopticon, Alda et tant d’autres !
Le fantasme ultime serait qu’Aara et/ou Blut Aus Nord me réservent leur premier concert ! Mais cela n’arrivera jamais !

Un grand merci pour tes réponses ! Chez SBUC, ce sont nos invités qui concluent la chronique. Tu as la parole :
« Bébé ce soir, on va au concert ou on se mate un film sur Netflix ?
– Rooooh, j’sais pas trop ! Flemme de bouger… »

Infos pratiques :

SEISACH’ VI, espace Simone Veil, Zone Bonnard, 33540 SAUVETERRE-DE-GUYENNE

Vendredi 17 et samedi 18 octobre 2026

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