L’infortune de la Vertu. Sade.

Chronique de Myriam CHAZALON

Sbuquienne, Sbuquien, et si pour cet été je te proposais de venir t’encanailler avec moi. 

Une proposition malhonnête ? Bien sûr que… non, tu me connais (mwwwaaaar, rire satanique). Viens, n’aies pas peur, suis moi sur ce sentier,  prends ma main, je vais te guider. Oh, nous n’allons pas cheminer longtemps sur les routes droites. Il est bien plus intéressant de se perdre n’est-ce pas ?  De sortir des sentiers battus,  ou plutôt de les battre nous même,  non? 

Prépare-toi, Lectrice, Lecteur, je vais te conduire dans un univers , où le politiquement correct s’est fait la malle avec Anna Polina, où Dieu est plutôt appelé Gode, où le Patron, celui qui t’en bouche un coin, s’est emparé du corps et des esprits  

« Les Gars ! La Séléné va nous chroniquer 50 nuances de Grey!!! ». Qui a dis-ça? Toi, là tu devrais savoir que chez SBUQ, on ne te propose que de la qualité. Christian Grey, j’en avale 10 comme lui chaque matin, je me fais mes 50 nuances de Earl Grey perso, avec un nuage de lait, yes please..

Non, attaquons-nous à un adversaire à notre taille. Un homme qui va faire passer le brave Christian G. pour une fillette portant un tee-shirt licorne pailletée, et encore, une licorne à l’appendice frontal inexistant… Oui un poney quoi, un petit poney tout gris.

Allons nous frotter au Divin Marquis. Allons côtoyer ses perversions. Allons apprécier sa langue. Sade a tellement sa place ici… Anticlerical, immoral et esprit libertaire, ses écrits lui ont valu plusieurs séjours derrière les barreaux. D’ailleurs,  c’est alors qu’il est embastillé qu’il écrit le conte philisophico-pornographique que je vais te présenter ici. L’infortune de la Vertu, un bijou d’immortalité, de critique de l’aristocratie et du clergé bien entendu. Nous avons deux personnages féminins qui, tu peux l’imaginer Lectrice, Lecteur, ne vont pas forcément passer les meilleurs moments de leur vie (quoique).  Ces deux sœurs, qui appartiennent à la bourgeoisie, perdent leurs parents (quelle tristesse), et leur fortune par la même occasion (oui quelle tristesse de nouveau) et pour (dé)couronner le tout, elles sont séparées. Mon Dieu, mais c’est du Zola ou du Loach, pas du Sade !! Attends, ne t’impatiente pas…. Le croustillant arrive, et quand je dis croustillant, c’est un doux euphémisme. Sade c’est pervers, immoral certes, mais tellement bien écrit qu’on ne peut pas lui en vouloir 😁 

Il y a Justine, la vertueuse, qui refuse de quitter son couvent à la mort de ses parents, et sa sœur Juliette qui choisit la débauche. A qui pensez-vous donc qu’il va arriver le plus de malheurs? A la Vertueuse ou à la Vicieuse? Qui Dieu va-t-il décidé de secourir? Qui va être le témoin et l’objet des perversions les plus abjectes?  Sade, c’est la morale dans l’immoralité,  c’est Peau d’Âne pour adultes, c’est  comprendre que le monde des hommes est bien plus proche de Welcome to the Jungle que de la vie est un long fleuve tranquille. 

Mais quel plaisir que de lire l’extrême dépravation  sous la langue de Sade : il sait l’employer,  la faire glisser sur le vice , titiller un vît, cingler un mont de vénus,  aléser dans le stupre en t’appelant Madame.

Si tu es une âme sensible dénuée de tout recul de l’esprit, je t’en prie, ne lis pas Sade. Il n’est pas fait pour tout le monde. Et le lire et l’apprécier ne fait pas de toi un malade mental, ni un vicieux qui va basculer dans le bdsm Tout peut se lire, tout peut s’écrire entre personnes consentantes. Mais si tu ne veux pas pousser cette porte, tu peux oser au moins regarder par le trou de la serrure, oser le …Judas.  Seigneur,  tu ne seras pas déçu. Et, ensemble, branlant du chef, nous opinerons : Oh oui, Marquis, c’est Divin !!

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