Chronique de Nicolas Ulv Schweitzer

En 1996, les scandinaves dominent en maître le black metal dans toutes ses déclinaisons.
C’est alors qu’émergent quelques jeunes musiciens de Kharkov (Ukraine) qui s’apprêtent à sortir un album fondateur et à devenir les fers de lance de ce qui deviendra la fameuse « scène de l’est ».
Avec les polonais de Graveland, si l’on veut, mais je trouve ce dernier groupe moins impactant.
« Lunar Poetry », c’est ainsi que se nomme la bête.
Les slaves arrivent avec un black metal atmosphérique développant avec force et mysticisme le concept de nature et de paganisme, tout en y mêlant quelques instruments issus de leur folklore local.
L’intro sombre et magique annonce le fulgurant « Lunar Poetry » pièce rapide, glaciale, où Varggoth laisse éclater ses vocaux écorchés et où l’on s’aperçoit que les claviers sont très (trop?) mis en avant.
On enchaîne avec le magnifique « Perun’s Celestial Silver » et son intro folklorique mêlée à des enregistrements de faune nocturne. Peut-être le chef d’œuvre du disque.
Un démarrage d’album parfait qui ne va pas en rester là, on enchaine les morceaux d’excellente facture.
On notera la piste « The Giref of Oriana » purement ambiante. Idem pour le morceau de clôture, ambiant pour une large part également.
Cela m’évoque beaucoup ce que feront les roumains de NeguraBunget plus tard.
A me lire, on pourrait se dire que ces jeunes gens sortent un premier album absolument parfait.
Et bien non !

Les musiciens tombent dans un travers courant lorsque l’on est jeune et talentueux : La volonté de trop en faire.
En écoutant la galette, on se rend compte qu’il y a en elle un trop plein, trop de superpositions, des guitares trop timides, et certains plans qui frisent le kitsch.
Mais on passe outre et on se laisse irrésistiblement embarquer par ce talent de composition et cette foutue ambiance.
Et puis, n’est-ce pas là le charme des premiers albums, d’être remplis de fougue et d’amateurisme ?
Violente et poétique, sombre et enchanteresse, la « poésie lunaire » de Nokturnal Mortum marque donc au fer rouge la scène black metal d’Europe de l’est.
Entre temps, les graines semées vont donner des idées à pas mal de groupes et les regards des amateurs avertis vont se tourner de plus en plus vers ce côté de l’Europe.
Citons Hate Forest, Drudkh (Ukraine), Negura Bunget (Roumanie), Sear Bliss (Hongrie), Arkona (Russie) et tellement d’autres…
Essentiel !
Extrait Autodafe / Barbarian Dreams :
https://youtu.be/JrsSzttz-Jg?si=zp9r4LXgQfwOD8-U
Autre album conseillé : The Voice of Steel (2009)
