Sotériologie – Écr.linf

Chronique de Funeral Scribe

Il est des œuvres que l’on lit ; et d’autres que l’on affronte.

Sotériologie appartient à la seconde catégorie. Elle ne s’offre pas, elle exige.

Exige que l’on cesse d’être lecteur pour devenir témoin. Exige que l’on descende en soi, sans promesse de remontée.

Dans ce livre, Écr.linf ne poursuit pas son album Belluaires — il le fracture, il en extirpe la moelle. Ce n’est pas une glose, ni un commentaire. C’est une suture. Un point de croisement entre la musique et la parole, entre l’instinct et l’idée, entre l’horreur du monde et la nécessité de lui donner sens.

La sotériologie, science du salut, devient ici le prétexte à une interrogation infinie : qui cherche encore à être sauvé ? Et par quoi ?

Chaque texte semble venir d’un seuil, d’un entre-deux. On y entend les résonances d’un esprit pris dans sa propre tension : celle de vouloir comprendre, sans céder au confort de l’explication.

Les mots, chargés d’un lexique métaphysique, s’élèvent comme des pierres dressées dans le désert de l’être. Il y est question de lutte, de sacrifice, de rédemption — mais sans dogme, sans Église, sans espoir facile.

C’est une parole nue, presque blessée, qui cherche à nommer ce que le langage échoue à contenir : le vertige d’exister, le scandale de la finitude, l’abandon des mythes.

Les illustrations de Dorian Lairson, viscérales et troubles, accompagnent cette traversée comme des icônes profanées. Elles prolongent l’indicible, elles suggèrent là où le texte échoue volontairement à dire.

Et puis il y a cette préface de Romaric Sangars — figure de l’ésotérisme noir et de la marginalité littéraire. Il pose d’emblée le cadre : celui d’une avant-garde spirituelle qui ne se veut ni doctrine, ni posture, mais acte intérieur. Une guerre sans spectacle. Une lumière froide jetée sur nos constructions mentales.

Sotériologie n’est pas un livre.

C’est une pierre dressée au bord d’un vide.

Et Écr.linf, en s’y adossant, ne cherche pas à convaincre — mais à convoquer.

En commande : Aux Éditions des Flammes Noires

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