CAMEL – Moonmadness (1976)

Chronique de Nicolas Ulv Schweitzer

Dans le milieu du rock progressif, ce quatrième album de CAMEL marque les esprits en cette année 1976.

Le groupe restera néanmoins éternellement dans l’ombre des nombreux poids lourds de l’époque. Je veux bien entendu parler des Pink Floyd, Yes, Genesis, Jethro Tull, Van der Graaf Generator, Emerson, Lake and Palmer et autres King Crimson… Difficile de se faire une place au milieu de tels noms !

CAMEL renoue avec le chant ainsi qu’avec la construction de « vrais » morceaux tout en conservant la sensibilité instrumentale de leur effort précédent. « Moonmadness » est la synthèse parfaite de tout ce que CAMEL sait faire de mieux.

L’introduction « Aristillus » (le nom d’un cratère de la lune visible à l’œil nu) et ses claviers typés nous emmènent au cœur du propos space-rock du groupe.
On enchaîne avec « Song Within a Song » et sa douce mélancolie contemplative. Le ton est donné. Riff planant, flûte poétique, claviers qui abondent, vocaux parfois approximatifs mais qui remplissent parfaitement leur fonction. Une très belle entrée en matière.
« Chord Change » démarre de façon un peu déconcertante. Le côté jazzy dénote un peu mais apporte de la variété, et on renoue assez vite avec l’ambiance qui plane tout au long de l’album. Ce morceau marque les esprits avec sa guitare bourrée de feeling et son solo !

Si vous écoutez ce disque en vinyle – ce qui décuplera encore votre plaisir car il se prête parfaitement à ce type de support – vous terminerez la face A avec la douce poésie de « Spirit on Water ». Un court morceau ambiant avec une voix fantomatique très réussie qui vous collera à coup sûr des frissons. Bien que différent, je ne peux m’empêcher de le rapprocher par certains côtés du fabuleux « Moonchild » de King Crimson.

« Another Night » vient apporter du rythme à l’ensemble : son riff et sa batterie très présente en font le morceau le plus « agressif » de l’album mais il reste irrésistiblement planant.
La légère furie du titre précédent passée, on enchaîne avec « Air Born » et sa flûte enchanteresse à laquelle s’ajoute la guitare acoustique et les synthés. Et toujours cette voix… comme un écho lointain perdu dans l’espace. Un morceau d’une grande douceur extrêmement addictif.

L’album – assez court – se termine sur la longue instrumentale « Lunar Sea ». Une promenade sur la lune en admirant la mer étoilée. La formule prend mais il lui manque quelque chose. Je ne saurais pas trop dire si le titre souffre de quelques longueurs ou s’il s’y trouve quelques fautes de goûts, mais on est selon moi un cran en-dessous de tout le reste.

« Moonmadness » aura bientôt 50 ans mais n’a pas pris une ride, si ce n’est le son des synthés qui appartient clairement à son époque. Pour ma part j’adhère totalement mais comme souvent avec l’usage de cet instrument, certains pourront trouver cela rebutant.

La bande son idéale des nuits d’hiver, les yeux rivés vers la voûte céleste.

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