NEGURA BUNGET – N’Crugu Bradului (2002)

Chronique écrite par Nicolas Ulv Schweitzer

« Mon ami,
Bienvenue dans les Carpates. Je vous attends avec impatience. Dormez bien cette nuit. La diligence partira pour la Bukovine demain à quinze heures. Une place vous est réservée. Au col de Borgo, ma voiture vous attendra et vous conduira jusqu’à moi […]
Votre ami,
Dracula »

Cette citation du roman de Bram Stoker, le fameux « Dracula » de 1897 introduit parfaitement ce que l’on peut ressentir lorsque l’on place cet album de Negura Bunget dans le lecteur.

Qui, hier comme aujourd’hui, s’intéresse sérieusement à ce qu’il se passe en Roumanie ? Peu de monde, assurément.

Cette terre sombre et mystérieuse où se déploie une grande partie des Carpates et l’ex-citadelle de Vlad l’Empaleur offre pourtant un imaginaire qui sied tout à fait à certains styles musicaux.

En 2002, en matière de black metal, beaucoup regardent encore exclusivement en Europe du Nord ou aux USA. Mais de plus en plus d’auditeurs avisés sentent bien qu’il se passe quelque chose sur ces terres gelées.

NEGURA BUNGET s’est formé en 1995, le groupe a donc de l’expérience et de solides ambitions.

« N Crugu Bradului », c’est d’abord une musique très peu violente pour le style, savamment agrémentée de quelques passages folkloriques, aux sonorités presque tziganes, et païens bien dosés (on ne cède pas ici à la tentation de l’excès). Les guitares électriques et les vocaux collent parfaitement à l’ambiance, très peu agressifs, là encore.

Les 4 titres représentent les 4 saisons. Ici tout est vaporeux et ne manquera pas de vous plonger dans une certaine torpeur.

L’introduction fantomatique du 1er morceau, et ces guitares qui donnent l’impression de jouer seules dans leur coin avant que la machine ne s’emballe. Une magie qui va perdurer tout au long des 53 minutes que dure cette galette !

Parfois hargneux, souvent contemplatif et mélancolique, rempli de terroir, de mythes, de folklore et de paysages évocateurs…

Une cohérence parfaite dans l’exécution comme dans la production.

Quant au chant et aux paroles en roumain, quel plaisir d’avoir un groupe qui assume ses origines et évite le « passage obligé » par l’anglais.

Le groupe enchainera d’ailleurs les réussites – le sublime OM notamment est un autre indispensable – malheureusement un triste évènement précipitera la fin du groupe : le batteur et fondateur du groupe, Negru, décèdera terrassé par une crise cardiaque en 2017 à seulement 42 ans.

Un indispensable pour tous les amateurs du genre, et même au-delà tant l’expérience vaut le détour.

Autre album recommandé : OM (2006)

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