The Screaming of The Valkyries – Cradle of Filth

Après quatre ans d’attente et plus de trente ans de carrière, nos Vampires anglais sont de retour avec un quatorzième opus intitulé « The Screaming of The Valkyries ».

Il faut bien admettre que depuis le départ de Paul Allender en 2014 et un remaniement des cadres, le groupe a retrouvé une créativité certaine et enchaîne les chefs-d’œuvre comme à la grande époque! Ils ont également enfin réussi a prouver sur scène que l’on pouvait compter sur eux avec des prestations remarquées et d’une grande qualité!
Après le départ il y a trois ans de Richard pour raisons familiales et d’Anabelle qui ne trouvait apparemment pas sa place au sein du combo, Cradle a accueilli deux nouveaux membres: Donny Burbage à la guitare et Zoé Federoff aux claviers et chœurs. Cette dernière vient d’ailleurs d’épouser Ashok, le guitariste officiant dans le combo depuis 2014!
Comme quoi, l’ambiance est au beau fixe dans les rangs du groupe !

Alors quid de cette cuvée 2025?

Ce qui nous interpelle dans un premier temps, au-delà de ce titre très « Heavy Metal », c’est l’absence de certains gimmicks propres au groupe: Pas d’introduction orchestrale, pas d’interludes grandiloquents et absence d’outro… Le groupe nous balance neuf titres, sans fioritures, sans bonus.

Le but est ici d’aller à l’essentiel et de proposer de manière directe tout ce que COF sait faire. Les critiques concernant la longueur de l’album précédent « Existence is Futile » ont été entendus et pris en compte (Bien que la majorité des plaignants avait en réalité acheté la version avec les titres bonus…).

L’artwork quant à lui est signé Roberto Diaz, artiste repéré sur Instagram par Dani et dont l’univers sied parfaitement à celui de Cradle. Les illustrations proposées, notamment dans le livret, sont véritablement incroyables.

L’album s’ouvre sur « To Live Deliciously », l’un des trois premiers extraits proposés en amont. Un titre efficace, taillé pour le live aux influences Death Mélodique et Thrash tout en conservant cette atmosphère gothique propre au groupe. Un titre qui nous ramène vers des albums comme « Damnation and A Day » au niveau du riffing ou des titres comme « Gilded Cunt » présent sur « Nymphetamine ».

Et c’est bien cela qui fera la force de cet album tout au long de l’écoute, On ressent la volonté du groupe de nous faire revivre les plus grandes heures de la Bête mais tout en y incorporant un son et une production beaucoup plus moderne. Bravo une nouvelle fois à leur producteur Scott Atkins pour son travail remarquable.

Nous sommes parfois proche d’un « Midian » au niveau de l’atmosphère mais avec une volonté de rendre les titres plus accrocheurs avec des refrains très catchy, véritable héritage de ce qu’il fût notamment proposé sur des albums comme « Thornography » par exemple. Rassurez-vous, cette proposition artistique n’entache rien à la qualité de la prestation. Les guitares d’Ashok sont furieuses et vicieuses, inspirées une nouvelle fois de la NWOBHM, mais elles se veulent également parfois plus Black ou même Death comme sur le début de « Demagoguery », véritable rouleau compresseur possédant même une certaine approche plus américaine dans le riffing rappelant des groupes comme Trivium notamment. L’apport de Donny se ressent donc parfaitement.
A noter le magnifique pont présent sur ce titre rappelant l’ambiance des films de Tim Burton.

Une approche cinématographique extrêmement présente sur cet opus due également au fait que Dani Filth n’a jamais été aussi narratif et théâtral dans l’approche de certains vocaux, certainement en lien avec la passion qu’il nourrit pour les bandes originales de film. Mais toute sa palette vocale est ici décuplée, ses graves n’ont jamais été aussi menaçants et ses aigus sont dévastateurs et d’une précision d’orfèvre.
Sans parler bien évidemment de l’un des points fort de Cradle of Filth : Les paroles !
La célèbre plume de Dani est une nouvelle fois incroyable de richesse et de virtuosité, mêlant littérature fantastique et poésie gothique décadente,

Tous les titres s’enchaînent avec une grande maestria !
La très Heavy « The Trinity of Shadows », évoquant les 3 femmes de Dracula, fait la part belle à la basse de Daniel Firth et propose un petit gimmick (« Nymphs, Moirai, Erinyes ») flirtant avec le Power Metal. On y ressent également l’influence du Thrash Allemand des 80’s, des groupes comme Sodom ou Kreator.
« White Hellebore » est un titre dans la plus pure tradition Filthienne, véloce et impitoyable avec un refrain sublimé par l’intervention de Zoé. L’image de la femme fatale et empoisonnée chère à Cradle est une nouvelle fois mise en avant.

Marthus, fidèle au poste depuis pratiquement une vingtaine d’années maintenant excelle une nouvelle fois sur cet album avec une batterie percutante et d’une grande finesse dans l’exécution. Véritable bras droit de Dani et fin métronome, il sublime chaque titre par sa technique et sa présence. A noter qu’il officie également sur certaines orchestrations. Un véritable couteau suisse !

« Non Omnis Moriar » permet de faire retomber un peu cette intensité. Véritable hymne gothique et poétique parlant de la mort, ce titre résonne comme un véritable hommage musical aux origines du groupe, cette vague anglaise du début des années 90 représentée par la « trilogie de Peaceville » (Paradise Lost , My Dying Bride et Anathema) qui les ont inspirés et dont ils étaient proche mais bien évidemment arrangé à la sauce Cradle !
Les vocaux de Zoé sont magistraux et stellaires, très proches de groupes comme Withing Temptation ou même de la célèbre Liv Kristine.

Leur côté British s’exprime aussi pleinement sur « You Are My Nautilus », même si c’est bien de Jules Verne que s’inspire ce titre. L’influence de la Vierge de Fer est fortement mise en avant ici ! Il y a un côté « Rime of the Ancient Mariner » ou « Hallowed Be Thy Name » qu’ils avaient déjà repris sur la version limitée de « Cruelty and The Beast ». Les guitaristes s’en donnent à cœur joie et enchaînent riffs et solos avec une précision chirurgicale.

« Malignant Perfection » fût le premier extrait dévoilé de cet opus. Une sucrerie gothique et « Halloween-esque » introduite par un clavier rappelant « Saffron’s Curse » et faisant office de single quasiment parfait tant il est efficace. La fin de ce titre vous rappellera d’ailleurs certainement l’outro du célèbre « From The Cradle to Enslave » !

Mon coup de cœur après de nombreuses écoutes est très certainement l’implacable « Ex Sanguine Draculae ».

On se retrouve plongés à la grande époque de Cradle of Filth, on pense à l’atmosphère d’un « Dusk and Her Embrace », à la rugosité macabre d’un « Cruelty and The Beast » ou d ‘un « Godspeed on The Devil’s Thunder » et à ces ambiances cryptiques et vampiriques qui ont fait la gloire de nos anglais. On y ressent même une pointe de Dissection par moments.
Ce titre mordant et venimeux nous prend à la gorge dès la première seconde et ne relâche quasiment jamais sa proie.

Le titre de cloture « When Misery Was A Stranger » conclu admirablement cette œuvre. Ce titre reprend toutes les caractéristiques déjà présentes dans cet opus mais les sublimes grâce à un final baroque et phénoménal ! Mention spéciale une nouvelle fois pour la performance du duo Dani/Zoé sur le refrain.
Assurément l’un des titres les plus marquants de cette nouvelle cuvée.

Entre tradition et modernité, ce nouvel album de Cradle of Filth possède tous les éléments qui ont forgé leur personnalité unique et qui raviront autant les fans de la première heure que les néophytes.

Cette nouvelle offrande nous prouve que l’excellente santé du groupe depuis dix ans n’était pas galvaudée et que nos Vampires ont encore de grandes heures devant eux. Leur place amplement méritée au panthéon du Metal Extrême n’est plus à débattre.
Une gemme noire et triomphante à consommer sans modération.

Chroniqué par The Filthian pour Satan Bouche un Coin.
@cradleoffilth_france (Instagram)
Napalm Records
SLH Agency

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