Chronique écrite par Nicolas Ulv Schweitzer

Et si le public français avait soutenu Sortilège à la mesure de son talent ? Et si le groupe avait persévéré ? Et s’ils avaient chanté en anglais plutôt que dans leur langue maternelle ?
Avec des si… vous connaissez la chanson.
Nous reviendrons sur l’extraordinaire destinée de Sortilège à la fin de cette chronique.
Nous sommes face au plus grand album de Heavy Metal français de l’histoire à mon humble avis.
Il est inspiré par l’imaginaire et par la mythologie, mais il ne se prive pas d’aborder des thèmes plus graves pour autant.

« Larmes de Héros » ne comporte que des bons morceaux et tout l’album est un régal.
On débute avec « La Hargne des Tordus ».
Les guitares tranchantes et le chant hargneux donnent le ton ! Fabuleux plaidoyer qui traite du regard que les masses portent sur la difformité. Hymne pour le droit à la différence. On prend une claque d’entrée.
On enchaîne avec l’épique « Chasse le dragon », puis…
« Le dernier des travaux d’Hercule » et ses récits de mythologie grecque.
Morceau rapide un peu déroutant de prime abord mais peut-être mon favori au final.
Là encore le débit extrêmement rapide de Zouille contrebalancé par ses « ohohohooooho » fait mouche. Un sens de la mélodie imparable.

On enchaîne avec « Quand un aveugle rêve » où Sortilège décide de baisser le tempo et de laisser la place aux accents progressifs de sa musique. Le thème est de nouveau grave, puisqu’il traite de la cécité. L’émotion est au rendez-vous.
« Mourir pour une princesse » revient aux fondamentaux. Sur ce morceau comme sur d’autres, on pourra trouver les paroles risibles, ou tout du moins naïves. Mais c’est parfaitement assumé par le groupe et ça le rend définitivement attachant.
On enchaîne avec deux morceaux aux thèmes là encore très durs, à savoir « La montagne qui saigne » et surtout « Marchand d’hommes » avec son rythme lourd qui rappellera inévitablement le magnifique et regretté Ronnie James Dio. Deux franches réussites.

« Messager » est un tube « speed » en puissance dont je ne me lasse pas.
J’évoque beaucoup le vocaliste du groupe mais il faut savoir qu’avec cet album, Sortilège a choisi de mettre l’accent sur les qualités de son chanteur plutôt que sur les guitares ou les solos par exemple. Ne croyez pas pour autant que les autres membres du groupe ne sont pas à la hauteur !
Sortilège est un tout, et l’album ne serait pas le même sans le talent des guitaristes Stéphane Dumont et Didier Demajean , ni sans la frappe lourde du batteur Bob Snake, sans oublier la basse de Daniel Lapp !

« La huitième couleur de l’arc en ciel » est la conclusion parfaite d’un album carré du début à la fin.
L’univers du groupe me parle beaucoup, la production est largement au niveau pour l’époque, tout est parfaitement en place, il y a de l’émotion et un irrésistible souffle épique.
Alors autant s’incliner, et se dire que le split de Sortilège consécutif à la sortie de cet album est un bien beau gâchis !!
Pour la petite histoire, le groupe a effectué son improbable retour avec un line-up remodelé en 2019.
Depuis, et malgré quelques concerts approximatifs (le temps et le besoin de retrouver ses marques), le groupe triomphe et a réussi avec « Phoenix », « Apocalypso » et un tout récent album live, à reconquérir son trône.
Tout en s’offrant le succès mérité qui s’est injustement refusé à lui dans les années 80’s.
Autre album recommandé : Apocalypso (2023)
Extrait La hargne des tordus :
