ULVER – Bergtatt (1995)

Chronique écrite par Nicolas Ulv Schweitzer

Avec le premier album d’ULVER, on tient une perle de la grande époque du black metal norvégien en même temps qu’une œuvre atypique.

Exit la démo « Vargnatt » qui montrait déjà un grand talent et une vraie volonté de se démarquer mais qui souffrait d’un peu trop de bizarreries et d’enchainements de plans qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres.

Avec ce « Bergtatt », comprenez « Prise par la montagne », les norvégiens nous content l’histoire d’une jeune fille perdue dans les massifs boisés de Scandinavie où elle va naturellement rencontrer quelques créatures issues du folklore local.

Un roulement de batterie et c’est parti !

Le son pour le moins velouté des guitares accompagné du chant clair de Garm (qui souffre encore de quelques manques de justesse, mais je suis tatillon) donnent le ton onirique, romantique et mélancolique de cette pièce en cinq actes, et vous vous sentirez rapidement embarqué dans une nature froide et mystérieuse.

Pour ce faire, comptez sur les nombreux arpèges, passages folkloriques (la sublime introduction du « Capitel II »), bruitages, claviers, guitares mélodiques avec solos plein de reliefs, et ce chant qui sait se faire délicieusement possédé et agressif pour accompagner la batterie lorsqu’elle se met à mitrailler.

Equilibrée, subtile et délicate, c’est ainsi qu’il convient de qualifier cette perle noire qui ne se perd jamais dans les potentiels travers ou excès des genres où elle puise (le black metal et le folk, essentiellement).

Le titre final, « ind i Fjeldkamrene » touche même la grâce, avec sa petite conclusion acoustique sublime.

La faible durée de la galette (35 minutes, et pour cause cela devait à l’origine faire l’objet d’un split-CD avec un autre groupe) constitue son défaut le plus évident.

Et on peut y ajouter les transitions un peu brutales, si l’on veut absolument trouver à y redire.

Mais voilà, Bergtatt est le produit d’une époque et ses petites imperfections ne font que renforcer son charme et son pouvoir d’attraction irrésistible.

Premier volet de la trilogie black metal du groupe (même si elle comporte un album purement folk, le touchant « Kveldssanger »), il s’agit d’une pierre angulaire pour toute bonne discographie qui se respecte !

Une œuvre magistrale qui m’accompagne depuis presque un quart de siècle maintenant et que j’emmènerais avec moi partout, tout le temps.

Autre album recommandé : Nattens Madrigal

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