
Chronique écrite par Nicolas Ulv Schweitzer
En 1989, Thomas « Quorthon » Forsberg, seul maître à bord du navire Bathory, décide de ralentir les tempos et insuffle un souffle épique très prenant à son Black Metal thrashisant des débuts.
En réalité l’album précédent, « Blood Fire Death », était déjà un album de transition vers cela.
Mais cette fois ci, c’est l’ensemble de l’œuvre qui est guidée par cette forme nouvelle. Ecoutez ces chœurs, ces solos de guitare qui font mouche et Quorthon qui abandonne définitivement le chant guttural pour nous faire découvrir sa voix si particulière, pas toujours juste, mais remplie d’une émotion qu’il parvient sans peine à nous communiquer.
Avec « Hammerheart », car c’est ainsi que se nomme ce cinquième effort de Bathory, on se retrouve emporté à l’ère des vikings, en pleine Scandinavie encore préchrétienne. Bien avant que la mode, aidée par une récente série à succès, fasse de la culture viking quelque chose de tendance.

Certes, on notera que Manowar s’était déjà essayé à cette thématique plus tôt dans les années 80’s mais le propos n’est pas le même. Au niveau du style déjà, nous ne sommes pas sur un album de Heavy Metal traditionnel mais bien sur l’acte de naissance de ce qui deviendra le Viking Metal. Et au niveau de l’ambiance et des thématiques, la musique du jeune suédois n’est pas testostéronée comme peut l’être celle des américains.
Ici, il est question de batailles bien sûr, mais aussi de contemplation, d’une certaine mélancolie. Les samples divers (musique de village, portes qui s’ouvrent, nouveau-né qui pleure, bruits de pas, aboiements, galop de cheval…) accentuent encore l’immersion de l’auditeur.
L’ensemble de l’album forme un tout cohérent et aucun morceau n’est à jeter. La cerise sur le gâteau étant la conclusion, le cultissime « One Road to Asa Bay » qui ne manquera pas de vous faire dresser les poils. Quelle émotion !!
Avec cet album et le suivant, qui se montrera encore plus doux et encore plus atmosphérique, Bathory influencera énormément de groupes dans ce que l’on nommera donc le « Viking Metal » … à partir du milieu des années 1990 seulement ! Les graines qu’a semées Quorthon mettront effectivement un peu de temps à germer.

Enslaved, Windir, Moonsorrow, Falkenbach, Kampfar, Thyrfing et bien d’autres doivent sans nul doute beaucoup à cet album.
Quorthon renouera d’ailleurs avec le style au tout début des années 2000 avec ce qui devait être une trilogie nommée « Nordland ». Malheureusement il décèdera prématurément d’une crise cardiaque avant d’achever le 3ème volet.
Autre album recommandé : Twilight of the Gods
