ПРОРОК ИЛИЯ de PATRIARKH

Bartłomiej « Варфоломей » Krysiuk et son groupe sortent de leur chrysalide révélant Patriarkh (ex Batushka), qui revient sous les feux des projecteurs avec un nouvel album nommé ПРОРОК ИЛИЯ ou Prorok Ilja ou Prophète Ilja en français.

Ce nouvel album, qui était très attendu par la communauté, est sorti le 3 janvier 2025 sous le label Napalm Records et on peut dire une chose : il nous laisse sans voix !

Les ambiances lithurgiques se mêlent au côté théâtral pour porter le Black Metal de Patriarkh à un niveau supérieur. Le combo Black atmo et le chant religieux fonctionne à merveille !

Ici, est narrée l’histoire vraie d’Eliasz Kilmowicz, un paysan illettré, chef de la secte orthodoxe Grzybowska, transmettant son histoire en tant qu’auto-proclamé prophète.

Cet album met en avant de nombreux instruments folkloriques et traditionnels de la région de Podlachie en Pologne ainsi que des chœurs majestueux à couper le souffle.

Prorok Ilja est un mélange de liturgie, de théâtre et de pastoralisme chanté en différentes langues mais aussi, et pour la première fois, en polonais. Quelle métamorphose ! Elle aura duré son temps mais une nouvelle ère s’ouvre à Patriarkh qui prêche son black metal singulier dans un magnifique album qui en fera frissonner plus d’un !

Nous avons eu l’immense plaisir d’interviewer Bart, le 20 décembre 2024, tout juste revenu d’une tournée en Asie et qui a répondu à nos questions. 

Bonjour Bart, merci de consacrer de ton temps pour répondre aux questions de Satan Bouche Un Coin à l’occasion de la sortie le 3 janvier du nouvel album de PATRIARKH : Prorok Ilja. Quelle belle façon d’ouvrir la nouvelle année! Tu mets la barre très haut pour les autres groupes dès l’ouverture de 2025, était-ce ta decision?

Non, c’est venu naturellement. On vient de refermer un chapitre avec la dernière tournée de Batushka, elle était programmée depuis un an. Maintenant, nous avons l’esprit tranquille pour aller de l’avant, repartir sur de bonnes bases. C’est une belle façon de commencer l’année, avec un nouvel album le 3 janvier. Nous préparons actuellement une soirée spéciale pour le jour de la sortie, nous allons jouer l’album en entier avec un orchestre symphonique et un chœur au complet. C’est important pour nous comme c’est un de nos rêves qui va se réaliser. Nous sommes d’ailleurs les premiers en Pologne à jouer avec un orchestre symphonique, nous serons une soixantaine sur scène. Nous avons vraiment hâte de pouvoir mettre tout ça en scène pour la sortie de Prorok Ilja.

Behemoth n’a jamais joué avec un orchestre ? C’est vrai que ce sont surtout des groupes norvégiens, comme Satyricon ou Ulver. En tout cas, c’est une super opportunité !

Effectivement, Behemoth n’a jamais joué avec un orchestre, c’est un groupe légendaire mais ils ne se sont pas encore essayés à l’exercice. C’est un vrai défi, ça va bientôt faire six mois que nous nous préparons pour ça. Avant de commencer à travailler avec l’orchestre, nous avions déjà commencé à préparer le terrain, ça fera un an en janvier. Un an de préparation pour cette soirée ! En tout cas, nous en sommes très fiers.

On espère que tout sera enregistré pour une sortie vinyle / cd !

Bien évidemment, il y aura même la télé pour l’occasion et j’espère qu’en 2026 nous pourrons sortir le résultat de cette soirée.

C’est pour cette raison que les chœurs et les mélodies ont une telle place sur Prorok Ilja ?

Oui, quand on parle des mélodies et de tout ce qui a été ajouté, ça faisait partie de tout le concept de l’album. En fait, tout vient de ma région natale, la Podlachie. L’idée était vraiment de puiser dans les sonorités et les mélodies de Podlachie pour les mélanger à l’histoire de l’album. Je voulais que ça fasse authentique. Nous avons choisi des instruments traditionnels, comme la mandoline, car ce sont des instruments traditionnels de ma région. Tout colle à l’histoire de l’album, que ce soit les sonorités, les paroles et tout le concept visuel. Nous allons donner corps au Prophète Ilja, un peu comme une mise en scène au théâtre.

Je suppose que le Prophète Ilja est le vieil homme que l’on voit sur la pochette ? D’ailleurs, il y a un message caché derrière cette pochette ? On voit ce vieil homme avec la terre derrière lui, une croix à la main…

Oui et cet artwork a été réalisé par un ami, Maciej Szupica, qui avait déjà dessiné et peint pour nos précédents albums, il vient de la même région. Nous avons passé beaucoup de temps en discussion sur ce qui devait figurer sur la pochette. Ici, c’est une personnification du Prophète Ilja, derrière, il y a la terre car il veut bâtir la nouvelle Jérusalem. Il y a beaucoup de détails, par exemple, un des médaillons qui repose sur son torse représente Rasputin, pour nous, c’est le Rasputin polonais. Tout est lié, les paroles, l’histoire derrière le concept, etc.

Mais alors, y a-t-il un message derrière cet album ?

C’est un message universel. Aujourd’hui nous avons beaucoup de faux prophètes, que ce soit en politique, des gens qui racontent des choses sur internet. Ce n’est pas qu’une simple question de religion, c’est vraiment quelque chose de plus global.

En parlant de religion, vous avez eu des mésaventures avec les institutions religieuses, un peu comme Nergal et Behemoth ?

L’image du Prophète Ilja est déjà assez blasphématoire, c’était un hérétique. Nous n’avons pas besoin d’en rajouter. Si on parle de l’histoire du groupe, oui, il y a eu des problèmes avec l’église orthodoxe. Le blasphème est mal perçu. Nous avons tourné un clip sur le mont sacré de Grabarka, un haut lieu de la religion orthodoxe. Evidemment, nous n’avons rien fait de mal, rien qui puisse offenser qui que ce soit. Mais certains ont porté plainte et un procès est en cours. Je ne sais pas ce qui sera décidé, mais je ne suis pas inquiet. Rien de neuf sous le soleil !

Si je comprends bien, le titre des chansons (Wierszalin qui peut se traduire par sorbier en français) n’a rien à voir avec l’arbre ?

Wierszalin ici veut dire « Nouvelle Jérusalem ». Quand j’ai commencé à écrire la base de l’album, j’ai imaginé différentes parties de la vie du Prophète Ilja. Chaque chanson est une partie de sa vie mais aussi un acte dans une pièce de théâtre. C’est un mélange entre la vie du Prophète et l’Evangile de Jean. C’est pour ça que l’on retrouve les thèmes liturgiques.

Les adorateurs de ce Prophète voyaient Jésus en lui et voulait le crucifier. Pour eux, Ilja était la personnification de Jésus et de la sainte trinité. On ne sait pas comment se termine son histoire, alors nous avons interprété, imaginé. Dans notre histoire, il a une fin spéciale. Il a droit à une seconde vie et Dieu l’emmène sur un chariot de feu tiré par des chevaux, on l’entend d’ailleurs à la fin du morceau qui lui est consacré. Ceci est le symbole d’une nouvelle vie.
Il y a une piste cachée, Wierszalin IX, qui raconte le retour du Prophète chez lui. Ce morceau dure 10 minutes et raconte son retour à la maison.

Quand on parle du BM polonais, c’est surtout une musique sombre et froide (Mgla, Besatt, Xantotol, Blaze of Perdition) mais Patriarkh est au contraire beaucoup plus chaud musicalement. Quelles sont vos influences ?

Quand je parle du black metal, je vois une formation d’expression libre, quelque chose de théâtral. Un peu à la Emperor, les débuts de Cradle of Filth. Pour moi, Patriarkh vient de ce black metal là. Le metal extrême reste important pour moi et mon cœur penche toujours pour les années 90. Il ne s’est pas fait grand-chose de mieux ! Tiamat, My Dying Bride, Cathedral, Morbid angel et Obituary… toutes les bases ont été posées durant les années 90.  Patriarkh est dans la continuité de ces groupes. C’est ce que je faisais déjà avec mon premier groupe, Hermh, et ça se retrouve sur Patriarkh, si ce n’est pour la musique orthodoxe. Nous rajoutons toujours quelque chose d’autre, que ce soit de la folk, de la musique ethnique, du classique… On ne peut pas dire que ça soit une révolution, mais c’est une évolution.

On a voulu faire ça aussi avec Batushka, une musique esthétique, monastique. Patriarkh apporte un côté extravagant en plus.

Vous étiez en Asie du Sud Est en tournée ces derniers temps. Vous avez pu jouer un peu du dernier album ?

Oui, surtout en fin de concert, sinon nous reprenions ce que nous faisions sous Batushka. Les gens ont grandement apprécié découvrir les titres en exclusivité et là, nous nous apprêtons à partir en tournée pendant deux ans avec le nouvel album. Nous allons le mettre en scène pour les concerts. Cette dernière tournée était chargée en émotions : nous terminions une étape importante pour en entamer une autre. J’espère que la prochaine année nous apportera plein de nouveaux défis ! Nous partons en tournée en Pologne en mars, en avril nous seront un peu partout à en Europe, avant de parcourir les festivals estivaux. En automne, nous refaisons une nouvelle tournée européenne et en 2026, nous serons sur le continent américain, du nord au sud avant de repartir en Asie. Ça va durer 2 ans, ça demandera beaucoup de travail mais j’espère que nous arriverons à ravir le public.

Super et on pourra vous voir sur quels festivals en France ?

Nous ne sommes pas programmés sur les festivals français, cependant nous donnerons trois concerts en avril. Mais nous reviendrons !

Je dois poser cette dernière question, vous venez de signer chez Napalm Records, un des plus gros labels européens. Il y avait des attentes particulières ?

Pas vraiment, c’est un vrai rapport de confiance ! Ils nous font confiance et nous soutiennent dans la promotion de ce nouvel album. Nous avons vraiment hâte de travailler avec eux, pour nous ils représentent comme un nouveau départ et j’espère que les deux prochains albums pourront aussi se faire avec eux. Pour nous, le fait de savoir que Napalm Records nous suit dans notre travail est un signal fort !

Un dernier mot pour SBUC ??

La langue française est tellement romantique ! Mais j’espère que nous pourrons apporter quelque chose de neuf en France avec ce nouvel album qui sort le 3 janvier. Il sera disponible partout et merci pour ce temps passé avec vous !

Un immense merci à SLH AGENCY et NAPALM RECORDS de nous avoir permis de réaliser cette interview !

Nous attendons impatiemment l’annonce des dates en France pour entendre jouer cet album ! Satan Bouche Un Coin y sera !

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