Chronique écrite par François Kärlek

« Album de la maturité » combien de fois ai-je lu cette expression ? Pourtant c’est ce vilain cliché qui me vient en premier pour ouvrir cette chronique de « Leaving the Ancien Times Behind » dernier album de Hrad, 2 ans après le très bon album The Forgotten Legacy, et 3 ans après leur premier EP Tales from the Analog Past.
Ce terme est le premier qui m’est venu car, là où Hrad faisait penser à un one-man-band amélioré (avec une tête pensante déjà très bien accompagnée), il constitue désormais à un groupe à part entière, j’entends ici la réunion de plusieurs personnalités, avec un background et un savoir-faire propre à chacune, collaborant pour proposer le meilleur.
L’interview vous en dira plus mais cela me fait penser à ces bons vieux RPG de SNES (qui a dit Final Fantasy ?) où l’équipe se constitue de membres aux capacités très marquées et complémentaires pour aboutir sur un groupe soudé dans un but commun. Pour achever mon analogie un peu foireuse, cet album est le « boss de fin » des 6 membres permanents de Hrad, et de mon point de vue il s’est fait sévèrement tataner : à coup de blast bien sentis, de vocifération habitée, de riffs virevoltants et de basse galopante.
Il conviendra d’expliciter ici le style pratiqué, épique en diable, construit sur une solide base de Black Metal virulent (mais pas malsain) agrémenté d’ambiances variées, proches du dungeon Synth, mais construites de manière très naturelle et artisanale : chœurs, claviers, percussions diverses, et même un peu de cuivres.
La musique proposée prend le temps de respirer, puisque l’album comprend 5 morceaux et un intermède central pour 40 min environ. Cependant, il ne me semble pas souffrir de longueurs, les structures étant très peu répétitives voire progressives : même si un passage se réitère, ce sera le plus souvent sous une forme différente, avec de subtils arrangements. On peut citer ici le thème central de « Sentenced to Death » qui revient parachever le morceau sous une forme éthérée, ou encore les longs blasts de la pièce maitresse « Dead Young and the Old » qui récidivent appuyés des variations d’une batterie dont les cymbales modifient avec finesse le « groove » d’ensemble.

L’autre point fort repose sur le relief donné aux compos en clair/obscur (pas si loin de ce que pratique Ténébrisme, récemment chroniqué) par l’insertion de passages aériens au sein des morceaux ou sous la forme du magistral interlude central « Remember that Castle ». Evidemment, le pendant de ces moments lumineux prend la forme de moments très rapides, violents, soutenus par le chant éraillé de Erroiak, qui m’évoque le Ihsahn des premiers Emperor, en cela qu’il est très saturé mais soutient la musique plus qu’il ne s’impose. Violent certes, mais pas brutal (nuance !).
Le jeu de guitare est lui aussi délicatement flatteur pour l’oreille, entre guitare rythmique et guitare lead ajustées au cordeau et complétées ici ou là d’un solo affuté déchirant l’espace sonore.
Il convient de saluer le travail impressionnant de compositeur et chef d’orchestre de Septev pour agencer tous ces éléments avec un rendu optimal. Le compositeur sait définitivement mixer au mieux (on l’avait vu récemment à l’œuvre pour Obscurité) afin de faire sonner le plus naturellement possible les instruments et sublimer la matière première que ses musiciens lui fournissent. Dégustez-moi donc ce solo de basse sur « Leaving the Ancient Times Behind », cette guitare acoustique et phrasés de chant féminin sur « Swords Will Hold » : du caviar pour les cages à miel (oups, sors de mon corps Francis Zégut…)
« Laissant son passé derrière lui » tout en s’appuyant sur son expérience, Hrad revêt ici la forme musicale la plus complète et cohérente possible, maîtrisant sa formule à la perfection et proposant désormais, dans la continuité logique de ses précédents méfaits, un son reconnaissable entre 1000.
Regorgeant de passages à vous en filer des frissons, cet album se bonifie comme un bon vin à chaque écoute, et finira par vous devenir très familier, comme un cocon douillet dans lequel on aime se réfugier et se retrouver, loin du monde qui nous entoure.
Bonjour Hrad, pour commencer quels ont été les retours sur « The Forgotten Legacy », et comment percevez-vous cet album 2 ans après ?
Septev : les retours ont été plutôt bons de manière générale. Même si certains lui reprochaient des longueurs. C’était la continuité du premier EP. Je voulais garder ce côté dungeon synth, tout en y apportant une touche orchestrale. Les passages ambiants étaient donc importants. Avec le recul, je peux quand même dire que ça a été une étape importante dans la construction du groupe. Les morceaux étaient plus sérieux et la production avait pris du grade par rapport à nos débuts. J’ai pris mes repères et ça m’a grandement aidé à penser le 2eme album.
Erroiak : Je suis toujours très fier de cet album car il a défini les bases de notre son actuel, même si nous l’avons beaucoup fait évoluer sur le nouvel album ! J’ai eu aussi pas mal de remarques concernant les longueurs des parties ambiantes mais ce n’est pas quelque chose qui me dérange.
Cryo : Je n’étais pas dans le groupe mais je continue de trouver cet album formidable. Les parties dungeons synth sont sublimes et les parties BM sont ultra efficaces ! À titre personnel, en tant que fan de l’album, j’aurais souhaité qu’il bénéficie d’une plus grande visibilité car la musique le méritait.
Rohkrao : Je pense que The Forgotten Legacy a été un album transitoire entre l’EP et ce nouvel album. Il y a eu une évolution dans la qualité de la production ce qui annonçait déjà le passage entre Dungeon Synth tel que sur l’EP et Black Atmosphérique.
Comment « Leaving the Ancient Times Behind » s’inscrit-il par rapport à l’ensemble de l’œuvre de Hrad (évolution/continuité) ?
Septev : on peut effectivement parler d’évolution je pense. La base est la même mais les intentions ont évolué. Je voulais faire quelque chose d’encore plus épique et de plus soutenu et rythmé. Clairement, je voulais plus de blast. Garder ce côté très visuel à la musique, avec des orchestrations, des ambiances, une multitude d’instruments, mais en proposant des compositions plus rythmées.
Rohkrao : Oui plus de Blast, plus d’épique, plus de guitares et plus de basse, tout en restant dans l’atmo.
Erroiak : Je pense qu’il est dans la continuité logique : de plus en plus de place à l’épique et surtout de moins en moins d’instruments virtuels, qui nous donne un son de plus en plus organique au fur et à mesure des sorties !
Au regard du titre des morceaux et de la pochette, Hrad fait appel à un univers médiéval. Pour autant l’album pourrait se traduire par « laisser le passé derrière soi ». Au final vous cultivez une certaine nostalgie ou tout l’inverse ?
Septev: personnellement, je peux dire que je suis quelqu’un de nostalgique. Cultiver l’intérêt du passé pour le vivre au présent. Je pense quand même que musicalement, on s’éloigne un peu du black metal médiéval, pour se rapprocher vraiment du black atmosphérique à l’identité médiévale. L’imagerie médiévale me plaît, et aide l’auditeur à visualiser notre musique lors de son écoute. Provoquer des images, faire voyager lors de l’écoute de l’album est vraiment quelque chose qui me tient à cœur. Quant au titre de l’album, c’est un peu une phrase à tiroir. Entre la nostalgie d’une époque révolue, et un passage sans retour possible suite à des choix décidés ou imposés par la vie (ces références sont déclinées dans les morceaux).
Erroiak : On peut dire que je cultive une certaine nostalgie car je me replonge très souvent dans d’anciennes œuvres, que ce soit dans la musique mais aussi des livres, films, séries TV, mais j’aime également beaucoup découvrir de nouvelles choses dans le monde actuel. Je pense que nous avons beaucoup à apprendre du monde actuel par le biais des différentes cultures qui nous entourent. Ce monde est très riche, culturellement parlant, et il est inutile de toujours regarder en arrière !
Rohkrao : Oui je peux avoir également une certaine nostalgie. J’aime me replonger dans les films de SF ou de dark fantasy des années 80-90, me rappeler des romans que je lisais ado, revoir encore certaines pochettes de disques ou d’affiches de film l’époque. Rejouer aux jeux vidéo que nous partagions avec Septev pendant notre adolescence. Ce sont des références que nous avons toujours partagées ensemble et que nous aimons encore nous remémorer de temps en temps. J’aime évidemment regarder vers l’avant, mais juste essayer de ne pas oublier.

Epique est le premier terme que l’on a en tête à l’écoute de l’album, on s’imagine tel un guerrier chevauchant dans la plaine, une épée brandie au-dessus de la tête pour aller défoncer le chef de clan et ses troupes qui ont mis à sac notre foyer. D’où vient cette inspiration épique (films/jeux vidéo/romans) ?
Septev: ma principale inspiration vient des jeux vidéo. D’où ma vision un peu fantasmée d’un passé médiéval réinterprété de manière complètement faussée. J’ai toujours aimé les musiques des jeux vidéo de mon époque (années 90), des RPG de la super Nintendo ou certains sur ps1. Je ne suis pas vraiment cinéphile, mais je pense que j’ai quand même en tête certains films pour visualiser ces scènes de batailles épiques ou de personnages désespérés au milieu d’une forêt maudite. Et il y a bien évidemment la musique qui m’influence également. Que ce soit le black metal, comme d’autres styles, j’écoute beaucoup de trucs et je pense que ça joue sur ma vision des choses.
Votre line up principal est très stable mais s’est étoffé. Comment cela s’est-il passé ?
Septev : au départ j’ai fait ce projet pour m’amuser et expérimenter ce que je n’avais fait auparavant. Rohkrao (qui est mon cousin) a directement accepté de se joindre à l’aventure et c’est ensuite que j’ai contacté Erroiak qui n’a, lui non plus, pas hésité pour nous rejoindre. Depuis, on s’entend vraiment très bien et on échange régulièrement. La première nouveauté de cet album est l’arrivée de Cryo dans le line up. Après avoir bossé sur son dernier album d’Eminentia Tenebris (sorti chez Antiq), je me suis dit qu’il pourrait vraiment apporter quelque chose en plus à Hrad. On s’entend très bien également donc je pense qu’on a trouvé notre équilibre au niveau du Line up. La seconde nouveauté c’est que, contrairement aux précédents opus, nous avons un batteur pour celui-là ! J’avais programmé la batterie comme j’en ai l’habitude, et on a fait appel à un batteur session pour qu’il reprenne ce que j’avais programmé tout en y ajoutant sa touche perso. C’est donc Maikon Queiroz qui s’est occupé des batteries, avec talent ! En ce qui concerne l’organisation, c’est assez rôdé maintenant.
Comment s’est organisé le travail de composition et d’enregistrement ?
Septev : je compose les morceaux dans mon coin, puis quand je sens que je suis presque au bout de mes idées sur un morceau, je le soumets aux autres. Cryo y apporte sa touche en rajoutant des leads si besoin, Rohkrao joue la basse à sa manière et apporte des guitares claires de toute beauté, Erroiak enregistre les guitares rythmiques et sa voix (sur des paroles écrites par Zigfrid en fonction des compositions et des indications d’intentions que je lui donne). Je récupère les pistes et m’occupe du mixage. Tous les morceaux sont calés précisément, je sais quelle place ils auront dans l’album, quelle direction doivent prendre les paroles, et à quel endroit devront intervenir les guests choisis.
Cryo : J’ai en effet eu la surprise et le plaisir d’être invité à participer à l’enregistrement de ce nouvel album en tant que guitariste lead, parfois en tant que simple exécutant des compositions de notre tête pensante Septev et parfois en ajoutant ma touche personnelle. Ce qui explique pourquoi cet album sera encore mieux que le précédent ! (Je plaisante mais je trouve l’album réellement magnifique grâce à l’investissement et au travail de qualité fourni par chacun d’entre nous au sein du groupe).

Vous avez fait appel à des invités (dont moi et ce fut un sacré honneur) pour la guitare acoustique, le chant, un solo, quelques cuivres. Comment cela s’est-il décidé et mis en place ? Pouvez-vous préciser la pertinence de ces ajouts ?
Septev : quand je compose un morceau, selon la direction dans laquelle je divague, certaines images et envies s’imposent à moi. Et connaissant le travail de chacun des guests, il m’est apparu clair que telle ou telle personne devait intervenir à tel moment. Par exemple, pour K. (De feu Wendess, Sylvestre, Agonie), c’est tout naturellement que j’ai pensé à lui pour les 2 morceaux dans lesquels il intervient car je suis fan de sa voix envoûtante, et de ses guitares somptueuses. Pour les cuivres, moi qui adore en mettre partout, je trouvais dommage de ne pas avoir une touche plus humaine que de simples programmations. Alors qui de mieux placé que toi pour s’y coller ? Ça a été un plaisir d’échanger avec toi (comme d’habitude ahah) pour ce projet ! Pour le solo de guitare, c’est H4kser0 qui est un ami (ancien collègue de travail même), qui est un pur shredder. C’est d’ailleurs lui qui fabriqué la guitare sur laquelle il exécute son incroyable solo. Maggot qui vient faire certains chœurs et voix supplémentaires est une amie, qui nous suit depuis le début. Elle est également intervenue sur mon autre projet, Outland Hill. Elle donc sa place dédiée dès le début de la composition.
Quel est le morceau dont vous êtes le plus fiers/satisfaits et pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Septev : personnellement je dirai Dead Young and the Old. Le côté atmosphérique, avec de longs leads, des blasts et des mélodies entêtantes, est ce que j’apprécie le plus. Je suis très content de ce morceau car chacun y a apporté sa patte. Rohkrao a su faire un jeu de basse qui dynamise vraiment, Cryo a ajouté des leads magnifiques, Erroiak nous donne toute sa puissance et subtilité vocale tout en nous gratifiant de chœurs sublimes sur le break, et H4kser0 nous a fait un solo incroyable sur des blasts qui déroulent sans s’arrêter.
Cryo : Tous ! Mais en effet le morceau cité par Septev est une sacrée réussite et je suis content qu’il ait été choisi comme 1er extrait diffusé de l’album. De toute façon la suite arrive et elle est du même niveau.
Erroiak : J’ai aussi envie de dire « tous » car il est vrai que c’est très difficile de faire un choix, mais je pense que je pencherais un peu en faveur du dernier morceau car il clôture à merveille l’album, de façon épique et mélancolique à la fois, exactement comme le dernier morceau de l’album précédent !
Rohkrao : Effectivement l’ensemble de l’album a été un plaisir à jouer. La diversité entre les lignes mélodiques, les passages épiques ainsi que ceux plus atmosphériques ont été très intéressants à faire vivre et l’osmose musicale entre nos différents instruments s’est faite plutôt naturellement. Le dernier morceau clôture ce chapitre avec une montée en puissance qui m’a beaucoup plu également.
Quels sont vos projets respectifs à venir en 2025 ?
Septev : on peut le dire ici, on bosse sur un projet un peu spécial avec Erroiak, rien à voir avec Hrad ou Outland Hill. Une sorte d’expérimentation qui devrait voir le jour en 2025.
Cryo : En ce qui me concerne, un nouvel album d’Eminentia Tenebris devrait voir le jour en 2025. Et ça promet d’être épique ! (en tout cas c’est en bonne voie)
Erroiak : En 1er lieu, je suis en train de boucler les dernières touches au 3ème album d’Enterré Vivant, qui sortira au printemps prochain chez Antiq. J’ai également terminé mes vocaux pour l’album d’Alasthor (Belgique) qui verra le jour en 2025. Le nouveau projet en cours avec Septev est aussi bien avancé et j’ai hâte que ça sorte. Un autre projet, du nom de « Au Loin », va sortir chez Antiq également, dans lequel j’occupe la place de chanteur. Concernant mon projet solo, j’ai prévu une sortie en lien avec les reprises de Summoning qui ont largement contribué à me faire connaître, et ensuite je vais entamer la composition de mon 2ème album pour lequel j’ai déjà terminé de travailler sur le concept et les paroles. Si on ajoute les projets non prévus qui s’ajoutent sans prévenir, ça va encore me faire une année bien chargée !!
Rohkrao: Pour ma part, je joue en tant que guitariste dans un groupe de Sludge/Doom qui s’appelle Negative Concept. Nous avons sorti un premier album en 2021, faisons quelques dates, et nous préparons un nouvel EP qui devrait sortir dans quelques mois. Je fais aussi parti d’une deuxième formation, toujours en tant que guitariste, du nom de Colonne. Ce projet évolue plutôt dans un registre de Post Metal/Progressif et nous sommes sur la maquette en ce moment même. Cela se précise de plus en plus et nous avons bon espoir de bientôt pouvoir sortir du contenu prochainement.

Tiens au fait, comment doit-on prononcer HRAD ?
Septev : tu sais, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise prononciation. Moi si je devais résumer la situation avec toi aujourd’hui, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui ont choisi de le prononcer comme ci peut-être à un moment où on le prononçait comme ça. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les prononciations, forgent une destinée.
Cryo : Moi je le prononce « rade » comme quand t’as plus de fric, que t’es en dèche quoi. Enfin de toute façon je le prononce que dans ma tête et sinon c’est à l’écrit donc ça ne pose pas beaucoup de problèmes au quotidien !
Erroiak : Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui savent prononcer HRAD et ceux qui creusent. Toi, tu creuses.
Rohkrao: Haha, voici une grande question ! J’ai entendu beaucoup de prononciations différentes, de rade à H-rad en passant par la prononciation traditionnelle, je pense effectivement qu’il faut le prononcer tel que ça vient, de manière naturelle.
On vous laisse le fameux mot de la fin.
Septev : merci beaucoup pour ton interview ! Je tiens à remercier les labels qui nous font confiance. Percussive Spectre et Acid Vicious chez qui vous pourrez vous procurer le CD digipack, ainsi que Weregnome Records qui nous produit en cassette aux USA.
Cryo : Merci de porter de l’intérêt à cet excellent projet, merci aux labels et merci aux membres du groupe de m’avoir convié à participer à ce superbe nouvel album de black metal épique et atmosphérique !
Erroiak : Merci pour l’interview et merci à ceux qui l’auront lue, n’hésitez pas à écouter Hrad et aussi à creuser afin de découvrir nos différents projets ou groupes car il y a de très très bonnes choses !
Rohkrao: Merci à tous ceux qui portent de l’intérêt à Hrad. Merci également pour cet interview et à tous ceux qui se laisseront embarquer dans cette aventure épique et narrative, on y a pris du plaisir à y participer et on espère que cela se ressentira à l’écoute de ce nouvel album !
Le Bandcamp de Hrad est accessible ici
