Chronique écrite par Emilien Nohaic

Mirage, sorti en 2022 avait été une des grosses claques de l’année et quand Gaerea annonce un nouvel album, Coma, toujours chez Season of Mist, c’est avec beaucoup d’espoir qu’il est attendu. Depuis quelques années, les groupes dévoilent leurs nouveautés au travers de singles diffusés au compte-gouttes et déjà, « World Ablaze » nous prévoyait quelque chose de magique ! Quelques notes acidulées, une batterie mid-tempo, un chant presque hardcore et pouf, la violence ! Superbe, maîtrisé, j’adore. C’est aussi un des morceaux des plus dynamiques de ce nouvel album. Avec le recul, c’est presque dommage d’avoir une partie de l’album en avance, par petites touches, et pas le tout dans son ensemble… A nous de savoir ne pas succomber à la tentation !
Musicalement, Coma s’aventure dans la même lignée que Mirage avec plus d’atmosphères et de passages légers. Ce n’est pas que Gaerea se répète, il adapte et affine sa musique, la sublime lors de moments plus hargneux et directs. « The Poet’s Ballet » qui ouvre l’album cristallise bien cette impression : un chant murmuré et une guitare sèche en guise d’introduction, grosses guitares et puissance dans la voix, batterie qui marque un rythme soutenu sur ce qui suit. Les quelques chœurs renforcent bien ce côté de toute puissance écrasante dans la musique, bref, Gaerea maîtrise parfaitement ce qu’il veut faire et c’est un régal pour les oreilles. Le morceau titre de l’album, « Coma », est plus classique, très black metal, le refrain élève toutefois l’ensemble avec des accords majeurs, apportant un peu de positivité et de légèreté. Cet élan est justement poussé un peu plus loin sur le titre qui suit, « Wilted Flower », sublime. C’est vraiment ce travail sur l’ambivalence entre puissance et beauté qui fait que Gaerea reste un groupe un peu à part dans une scène extrême saturée.

Le choix de l’artiste pour la pochette est surprenant. Nathan Lorenzana réalise surtout des portraits de type pin-up, inspirés de Comics et de la culture pop, à en croire son Instagram. Toutefois, le travail réalisé est ici réussi : sobre, élégant et désespéré. Un œil qui pleure ou dégueule l’humanité. Le désespoir dans un environnement mourant, la léthargie urbaine dans une ambiance fin de siècle. Le bleu marine sur fond blanc est aussi un choix audacieux dans un ensemble finalement très sombre.

Certains pourraient reprocher que c’est un peu lisse et trop bien produit, qu’il n’y a pas de place aux nids de poules, mais c’est la direction que prend toute la musique depuis… depuis plus de 10 ans maintenant ! Gaerea fait partie de ces groupes qui font bouger les lignes, un peu comme Blut aus Nord, White Ward, Liturgy, etc. Le cadre est connu, maintenant il revient aux artistes de jouer avec ! Le groupe part sur le continent nord-américain pour une longue tournée en fin d’année. Espérons pouvoir les voir cet été sur les routes de France !
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