Métaphysique de la viande par Christophe Siébert

Chronique écrite par Myriam CHAZALON

Derrière ce titre peu engageant, se cache, non pas un manuel anti-vegan (quoique 😀 ), mais bel et bien la réunion des deux romans de Christophe Siébert : « Nuit noire » et « Paranoïa ». Métaphysique de la viande a été publié le 14 mars 2019 chez Au Diable Vauvert.

Christophe Sièbert, pour ceux qui ne le connaissent pas, est un romancier et poète aveyronnais créateur du fanzine L’Angoisse et du Salon des Voix Mortes qui mettent en avant tous deux, la littérature indépendante, de préférence horrifique, gore et un poil (si j’ose dire) érotico-pornographique.

ATTENTION : Un recueil à ne mettre, ni entre toutes les mains, ni sous tous les yeux, et encore moins dans toutes les imaginations….

Nuit noire d’abord :

Un Bloody Mary bien dosé : prenez 4cl de Lovecraft période Cthulhu, 12cl de Sade période « Les 120 jours de Sodome »,1/2 cl d’Apollinaire période les 11000 verges, 1/2 cl d’Albert Fish (pour l’ensemble de son œuvre, merci Bebert !!), 2 gouttes de Lars Von Trier période  » The House that Jack built », une pincée de Cannibal Holocaust et quelques grains d’Human Centipede…. Agitez le tout, et vous commencerez à voir les prémices d’un début de commencement de ce que vous allez découvrir dans la tête du serial killer de Nuit Noire.

Nuit noire qui vous fera passer une nuit blanche tant l’écriture est crue (et ce n’est pas un euphémisme). Nous pénétrons dans le cerveau totalement ravagé d’un être bestial, avec un affect qui approche le QI de la bouillabaisse avalée par Jul dimanche dernier sur le Vieux Port. C’est malsain et dérangeant tant les perversions abordées sont abominables. Il faut être accroché pour pouvoir le lire d’une traite (personnellement je n’y suis pas arrivée : j’ai fait quelques pauses sinon j’aurai vomi je pense). Je suis tout de même allée au bout, comme un challenge, en me disant que j’étais bien soulagée de ne pas être une femme blonde de 40 ans avec des petits seins et me nourrissant de surgelés….(Je suis même carrément tout le contraire – Thank You Satan ;p)

Bon là je me dis, il faut lire la deuxième partie. Donc, tel un athlète de haut niveau, je me prépare psychologiquement : je me regarde toutes les saisons de Benny Hill, je laisse toutes les lumières allumées pendant 1 semaine et je pense même sérieusement à me faire un petit shoot de gaz hilarant, histoire de mettre toutes les chances de mon côté…..

Allez……Courage.

Donc vous l’aurez compris, c’est quand même avec une légère (hum, hum) appréhension que j’aborde Paranoïa (titre qui fait son petit effet car je vous avoue que j’ai eu beaucoup de mal à ne pas regarder sous mon lit ; mais putain c’est quoi ce grondement sourd ?!!! Ah oui, c’est l’essorage de la machine à laver, pffff…)

Résultat des courses : un roman moins gore, avec quelques passages difficiles (mais après Nuit Noire, on a l’impression de reposer son cerveau et de lire des scènes de Lévy bien mièvres). C’est un roman noir revisité, avec un ancien flic-détective privé qui se lance dans une enquête sur fond de folie et de complot. Dans les romans de Siébert, la folie est présente, toujours, elle s’insinue et ronge le cerveau, c’est plus que palpable, c’est une entité solide. Il sait rendre crédible et effrayant le ridicule des situations et l’incohérence des pensées. Tout est sombre, pas une seule lueur d’espoir nous est laissée. Tout finira mal, il faut juste espérer que le mal ne sera pas trop abominable, mais même là, notre cerveau n’y croit pas, il est déjà conditionné par le talent d’écriture underground de Siébert.

Si je conseille ce recueil : Non sauf si vous avez l’habitude de la littérature déviante et underground.

A noter, ce roman a été récompensé du très occulte Prix Sade (Tu ‘étonnes !!)

Vous pouvez le commander ici

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