OBSCURITE – L’énergie noire et les visions luminifères

Chronique écrite par François Kärlek

Osons le pléonasme, Obscurité est un projet assez obscur, que j’aurais eu sans doute eu plus de mal à découvrir si la sortie de ce (déjà !) 4ème album n’était pas portée par les trublions, toujours très communicants, de France Black Death Grind qui semblent une fois de plus aux petits oignons avec ce projet qu’ils prennent sous leur aile.

Obscurité est l’œuvre d’un seul homme, A.S.H. qui lui a donné naissance en 2014 avec la sortie du premier album « Contemplation » suivi de « Contemplation II » en 2015 et « Dans les tréfonds du froid » en 2018.

« L’énergie Noire et les visions luminifères » vient donc compléter une œuvre déjà bien complète qui mérite largement de s’y pencher afin de comprendre le chemin parcouru. Les deux albums Contemplation sont en effet à voir comme un tout fondateur, axé avant tout sur des riffs mélodiques et foisonnants, me rappelant dans l’esprit des débuts de Kampfar, avec en particulier sur Contemplation II de superbes passages de chant clair et de synthé qui aèrent les compositions et apportent une aura mystérieuse.

« Dans les tréfonds du froid » s’avère pour sa part nettement plus complexe dans ses structures avec parfois une approche d’inspiration médiévale et épique que j’apprécie beaucoup (je pense ici à Véhémence ou Aorlhac).

S’inscrivant dans la continuité tout en explorant de nouvelles pistes, ce dernier opus m’évoque cette fois-ci grandement la scène black/death mélodique suédoise des années 90.

Je ne pense pas forcément ici aux grands pontes Dissection, Dark Tranquillity, In Flames, qui ont sorti leurs albums phares entre 1995 et 1997 au son parfois trop léché impliquant des ambiances presque « proprettes ». En effet, par sa relative rugosité, Obscurité m’évoque plutôt Vinterland (Welcome my last chapter), Sacrilege (Lost in the beauty you slay), Naglfar (Diabolical), ou Dawn (Slaughtersun). Quatre albums cultes à mes yeux que je vous invite à découvrir si vous ne les connaissez pas !

Rugosité donc, par les riffs qui semblent cracher leurs mélodies afutées, par le chant scandé et guttural et par une production d’ensemble assez précise pour tout distinguer mais assez brute, presque old school dans les intentions. On ne sera pas étonnés de retrouver Septev Hadron (Hrad, Outland Hill) à la production/mixage tant l’ensemble sonne maîtrisé.

Sur un substrat basse/batterie à toute épreuve, les harmonies magnifient l’énergie brute et noire qui habite les compos de leur créateur qui, aidé de Cryo (de l’excellent Eminentia Tenebris), pose les guitares en maîtresses de cérémonie des ambiances mélancoliques et froides qui habitent l’album. A ce titre, l’artwork, très beau et sobre, correspond parfaitement à l’ambiance voulue, proche du recueillement et propice à des textes métaphoriques et introspectifs. 

Des paroles telles que « Entend l’appel du froid infini », « Que les ténèbres règnent pour l’éternité » ou « Tout n’est que chagrin sans chaleur » isolées de manière superficielle, pourraient laisser entendre une complaisance dans la douleur et le repli sur soi.

Mais les thèmes abordés sont loin d’être aussi sombres que l’on pourrait le penser de prime abord, et les textes, finement ciselés, proposent fréquemment leur part de lueur et d’optimisme, tel le soleil semblant prêt à envahir le paysage de la pochette qui m’évoque nettement plus une aube qu’un crépuscule. Lorsque « un instant la beauté renaît » et « un vaste océan de lumière subsiste », l’auditeur peut « trouver le reflet d’une harmonie » et rejoindre « une ultime beauté sous le soleil pour se purifier ».

Il est indéniable que le choix du français permet une parfaite maîtrise des textes, nettement plus riches que 90% des groupes qui choisissent l’anglais par facilité ou argument commercial.

Très évocateurs, des titres tels que « L’énergie noire et les visions luminifères » et son riff central magistral et lumineux, ou « Les chants mystiques du cosmos » avec ses chœurs subtils et mélodies majestueuses, marient parfaitement le fond et la forme et s’avèrent extrêmement expressifs. Ce ne sont ici que des exemples, chaque titre proposant son identité et ses acmés.

Loin des clichés stylistiques qui envahissent un peu trop souvent la scène Black Metal à mon goût, A.S.H. propose avec « L’énergie noire et les visions luminifères » une œuvre profonde, touchante et galvanisante dont que je parie que tous ceux qui s’y pencheront reviendront conquis.

Pour découvrir Obscurité : https://youtu.be/8gT6a-XL5Ls?si=SyyqAL5GYHxPJiJR

Pour commander : https://franceblackdeathgrind.bandcamp.com/album/obscurite-l-energie-noire-et-les-visions-luminif-res?fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTAAAR2QjTIG5MVPw_Fb0DDC-jp3KTJwQahVHq4BaLFKrSHBbeMd5WNScmRZ8yQ_aem_ZmFrZWR1bW15MTZieXRlcw

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